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Témoignage d’un toxicomane-"J'ai fumé à 11 ans" |28 May 2005

Mathieu* a 16 ans. Il est en S5 . Mais il suit actuellement un traitement en vue d’être désintoxiqué du cannabis. Depuis trois mois, il se rend une fois par semaine au Centre Mont Royal. Il est à ce jour le plus jeune patient qui suit des traitements au Centre, avec le soutien de son école et de ses parents.

Issu d’une famille unie de quatre enfants, Mathieu n’avait rien à envier aux jeunes de son âge. Cinq ans plus tôt, à 11 ans, Mathieu croquait la vie à belles dents. Il n'avait aucun souci à se faire et était encore inconscient des dangers qui guettent les enfants de son âge.

Chaque après-midi, après l’école, il se rendait à la plage  pour jouer au foot ou nager avec ses amis. Il se rappelle encore parfaitement du premier jour où il toucha le cannabis.

“Ce jour-là, j'avais joué au football. J'étais très fatigué Après un saut dans la mer, mes amis, qui étaient tous plus grands que moi, me proposèrent de fumer un joint. Ils m’ont dit que c’était de la cigarette. A l'époque, j'étais le seul dans ce groupe à ne pas fumer. Je me sentais donc nul. Pour ne pas paraître "old fashion", j'ai accepté de fumer, une façon de goûter simplement. Voilà comment j'ai fumé mon premier joint”, se souvient-il

A l'époque Mathieu n'avait que 11 ans. Et il se souvient bien de l'effet de ce premier joint.

"Après avoir fumé je me suis senti léger. Toute ma fatigue s'est envolée tout d'un coup. Je me sentais ‘High’ ”, raconte-t-il.

Depuis cette première expérience, Mathieu rencontrait tous les jours ses amis à la plage. Et à chaque fois, c'était le même scénario : ils jouaient au foot, puis ils se baignaient, avant de fumer. Ensuite ils écoutaient de la musique reggae. Après s’être bien défoulés, ils rentraient tranquillement à la maison la tête dans les airs.
Mathieu commence à fumer tous les jours. Il n'a pas besoin d'acheter son cannabis parce que ses amis lui en offrent tout le temps.

"Le cannabis se vend dans des petits sachets. Son prix varie de 25 à 3 000 roupies, selon la quantité désirée. Mais le fait que j’étais le plus jeune, je n’achetais pas ma dose. Les amis que je fréquentais en avaient beaucoup, alors ils m'en donnaient gratuitement”, raconte Mathieu.

Après ses aventures avec ses amis, il rentre à la maison comme de rien n'était. Il prend sa douche, dîne et regarde la télé avec le reste de la famille. A la maison, personne ne se doute de rien.

"De toute façon je ne fumais jamais à la maison", dit-il.

Pendant deux ans, les parents de Mathieu ne se doutent de rien. Il n’était jamais excité et il faisait tout pour ne pas éveiller les soupçons. Il a maintenant 13 ans. Et l'envie devient de plus en plus forte. Il lui faut à tout prix son cannabis. 

“Mon corps manquait de cannabis. Il fallait que j’en parle avec des amis. A ma grande surprise, les amis auxquels je confiai mon secret consommaient déjà la drogue.  Alors, tous les jours, après l’école, notre nouvelle bande, composée de six amis, se donnait rendez-vous pour fumer des joints en dehors de l’école", raconte Mathieu qui commençait à rentrer tard à la maison.

Les parents commencèrent à s’inquiéter. Ils s'intéressèrent à ses fréquentations. Et c'est en ce moment, qu'ils apprirent la triste vérité.

 “Ils m’ont gentiment demandé de cesser mes activités illégales et de couper court à ces fréquentations. Mais  têtu que j’étais, je ne les ai pas écoutés. Au contraire, j’ai continué de plus belle ”, avoue-t-il, non sans regret.

“Quand je suis devenu accroc du cannabis, je fumais 10 à 15 cigarettes tous les jours. A l'époque j'entretenais des pimentiers et tous les samedis je vendais du piment. Donc, j'avais toujours de l'argent sur moi pour acheter ma consommation. De toute façon, il y avait des plantes dans les montagnes et il n’y avait aucun effort à faire pour s'en procurer. Je consommais 2 le matin, 2 à 10 heures, 2 à midi, 2 vers 14 heures, et le reste après les heures de classe. Au fil du temps, il m'a fallu augmenter ces quantités. Et c'est là que j'ai commencé à comprendre que je ne pouvais plus m'en passer", affirme Mathieu.

A l’école, la performance de Mathieu a pris un sale coup. Il n’est plus le même étudiant. Les profs se rendent compte qu'il fume des joints. Et en grande quantité. L'école décide alors de l’aider à s’en débarrasser.

"Avec le soutien de tous les gens qui m’aiment, j’ai accepté de suivre une cure de désintoxication et de réhabilitation au Centre Mont Royal. Je  suis ce traitement depuis trois mois. Autrement dit, depuis trois mois je ne touche pas au cannabis. Je fume parfois de la cigarette, mais je compte arrêter cela aussi",
Mathieu reconnaît avoir commis une grosse bêtise. Il s'est rendu compte que ceux-là qui se déclaraient être ses amis n'en étaient pas en réalité. Aussi lace-t-il l'appel qui suit à ces camarades élèves et tous ceux qui seraient tentés pas la drogue "

"Le cannabis, comme toutes les autres drogues, n’est pas bon pour nous. En ce moment, il n'y a pas mal de jeunes qui fument cette drogue. Une fois qu'on consomme la drogue, on est affecté moralement et physiquement. On vieillit plus rapidement et on devient plus paresseux. La société porte un autre regard sur vous et elle finit par vous rejeter. Le seul conseil que je peux donc donner à tous les jeunes c'est de ne jamais toucher à cette drogue. Si vous le faites déjà, débrouillez-vous pour vous en débarrasser au plus vite. Votre avenir est en jeu.

Par ailleurs, il est vraiment regrettable de constater que le cannabis est disponible partout : aux alentours des écoles, dans les discothèques, avec les jeunes sur la plage et même en grande quantité sur les montagnes. Il faut être plus sévère dans la recherche et la  répression."

• Mathieu est un nom fictif que nous avons emprunté pour préserver l'identité du jeune élève.

Vidya Gappy


 

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