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Football-Shungu démissionne |20 December 2007

Football-Shungu démissionne

Le Congolais Shungu a démissioné comme entraîneur des SeychellesCette démission selon lui est la conséquence de la série de contre-performances que ne cessent d’enregistrer nos différentes équipes nationales depuis un certain temps.

Sports Nation l’a rencontré hier pour en savoir plus. Et le coach national en a profité pour nous faire une analyse du football seychellois, notamment le niveau des sélections et des clubs.

Sports Nation : Pourquoi cette décision subite ?

Raoul Shungu : Pour la simple raison que le moral n’y est plus. C’est frustrant, les contre-performances des équipes nationales - jeunes comme seniors - que nous ne cessons d’enregistrer. Je pense qu’il est temps de laisser la place à un autre staff technique.

Sports Nation : A quoi attribuez-vous ces contre-performances de nos équipes nationales ?

Raoul Shungu : La sélection nationale est le miroir d’un sport d’un pays. Les Pirates (NDLR : l’équipe nationale des Seychelles) reflètent la réalité du football seychellois. Les Seychelles manquent de joueurs de qualité et surtout de joueurs ambitieux. Depuis la fracture de la jambe de Wilnes (NDLR : Brutus), nous n’avons presque pas du tout gagné de matches officiels. Regardons en face de nous, combien de joueurs seychellois évoluent à l’étranger ?

Sports Nation : Selon vous, quelle est la solution ?

Raoul Shungu : Tout part des joueurs, leur environnement et des clubs. Pour ce qui est des joueurs, ils ne prennent pas le football au sérieux comme par exemple les joueurs de la grande Afrique, qui se sentent d’abord plus concernés par l’entraînement et leur formation individuelle. Ils s’entraînent 2 à 3 fois par jour, en moyenne 120 à 150 minutes par séance, et cela tous les jours, voire parfois sans entraîneur. Il arrive même qu’ils payent des entraîneurs pour se former et on les voit tous les week-ends ou les matins si c’est pas les soirs, dans les salles de gym, au footing et sur les terrains d’entraînement. Ce qui n’est pas le cas au Seychelles. Et pourtant les facilités sont là ! Vous avez les plages, les salles de gym gratuites, les terrains éclairés, les équipements etc, mais combien de joueurs en profitent pour s’entraîner ? Ensuite, il faut que les responsables des clubs comprennent qu’il est temps de changer le statut du football amateur à celui de semi-professionnel, comme l’ont fait depuis longtemps plusieurs clubs de la grande Afrique, qui s’entraînent 2 à 3 fois par jour durant toute la semaine. Comment les clubs seychellois qui s’entraînent 1 fois par jour, 2 ou 3 fois par semaine pendant en moyenne 60 à 90 minutes peuvent–ils produire des joueurs de qualité et rivaliser avec les clubs ou les sélections africaines qui font plus de 2 heures (120 minutes) d’entraînement par séance et toute la semaine ? Ce n’est pas possible. Il faut que tous ceux qui sont concernés par le football - joueurs, entraîneurs et parents - se rendent compte de cet handicap qui compromet sérieusement le progrès du football seychellois. La fédération elle seule ne peut pas tout changer même si elle a mis toutes les facilités possibles à la disposition des clubs et joueurs qui n’en profitent pas. Il faut que les personnes concernées prennent conscience de ce problème si réellement ils veulent aller de l’avant. Il faut trouver des moyens, des sponsors pour que les clubs seychellois s’entraînent plus et ainsi produire des joueurs de qualité et surtout mentalement forts.

Sports Nation : Est-ce une bonne idée, selon vous, une  ligue de Première Division à 8 équipes ?

Raoul Shungu : Pour élever le niveau du football seychellois, je pense qu’un championnat de première division à huit équipes est une bonne chose. Espérons que ça va bénéficier à l’équipe nationale.

Sports Nation : Les coaches qui vous ont précédé ont dit la même chose. Vous y croyez ?

Raoul Shungu : J’y crois, c’est pourquoi j’insiste qu’il faut d’abord relever le niveau des clubs pour prétendre avoir de bonnes équipes nationales. Tout passe par là et non ailleurs, tant que le niveau de la majorité des clubs restera bas, tant les équipes nationales continueront à enregistrer des contre-performances. Autrement, beaucoup d’entraîneurs défileront à la tête de l’équipe nationale des Seychelles, sans vraiment y modifier grand chose.

Sports Nation : Le métier de sélectionneur est-il plus difficile que celui d’entraîneur d’un club ?

Raoul Shungu : Je pense que oui. Les données sont très limitées. Premièrement, ou vous avez une bonne génération ou vous n'avez pas une bonne génération. Vous avez les vingt meilleurs du pays, vous ne pouvez pas les inventer ou aller en acheter un dans un autre pays. Deuxièmement, le coaching est très limité. Hormis les grands tournois, vous n'avez votre équipe que quelques jours à votre disposition. La faute n’est pas à la fédération, car c’est en principe comme ça que les sélections nationales se préparent – 5, voire 3 jours. Quelle influence peut avoir un entraîneur en si peu de jours ? Mais si les joueurs sont bien formés au niveau de leur club, le travail devient simple, le sélectionneur n’a qu’à travailler l’aspect tactique et les phases stratégiques et non transformer l’équipe nationale en une école de football où l’on apprend les bases techniques et tactiques du football.


Sports Nation : Quelles sont les chances des Pirates aux éliminatoires de la CAN 2010 et à la prochaine Coupe du Monde ?

Raoul Shungu : Je pense qu’il ne faut pas trop rêver. C’est une mission difficile mais pas impossible en ce qui concerne la CAN, mais pas la Coupe du Monde. Les chances resteront minimes si les joueurs qui sont les premiers acteurs ne se réveillent pas pour bosser fort. Le baromètre se situe au niveau des clubs, s’ils commencent à franchir l’étape des 16èmes de finale pour accéder aux 8èmes de finale, en ce moment on pourra commencer à y croire, mais pas avant.
En ce qui concerne la Coupe de la Cosafa, seul un homme expérimenté comme M. Patel (NDLR : Suketu) est capable de mettre de l’ordre dans cette organisation. Ces compétitions offrent aux équipes de jeunes et de seniors la possibilité de se rencontrer assez régulièrement.

Sports Nation : Un mot sur les entraîneurs seychellois ?

Raoul Shungu : Il y a des bons entraîneurs, mais il faut que les plus ambitieux puissent enrichir leurs expériences en allant travailler en dehors des Seychelles. Nul n’est prophète chez soi, il faut sortir, aller voir ce qui se passe ailleurs, puis un jour revenir aux Seychelles servir son pays. C’est important.

Sports Nation : Et ton avenir après les Seychelles ?

Raoul Shungu : Peut-être encore avec un club aux Seychelles. J’en ai tellement envie, ce pour faire ce qu’on n’a pas pu faire au sein de l’équipe nationale. Pour votre information, j’ai atteint les quarts de finale de la Ligue des Champions deux fois avec Rayon Sports du Rwanda  et Young Africans de la Tanzanie. Mais j’ai de nombreuses offres au Congo mon pays, au Rwanda, au Burundi, à Maurice et une seule en dehors du continent.

Sports Nation : Le dernier mot de la fin ?

Raoul Shungu : Je profite de cette occasion pour remercier tous mes collaborateurs, les sportifs de loin ou de prêt qui m’ont soutenu et aidé dans l’exécution de ma mission parfois bien difficile. Je veux parler en particulier de M. Patel et les membres du comité exécutif de la SFF. Je leur demande à tous d’apporter au nouvel entraîneur la même assistance qu’ils m’ont donnée afin d’assurer cette lourde tâche parfois incomprise du public. 

Propos recueillis par G. G.

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