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Archive - Archive 2004 - July 2013

Dernier sanctuaire quasi-vierge de la planète, Aldabra, Seychelles-Aldabra, atoll paradisiaque et laboratoire naturel |04 May 2013

Dernier sanctuaire quasi-vierge de la planète, Aldabra, Seychelles-Aldabra, atoll paradisiaque et laboratoire naturel

Classé au Patrimoine mondial de l’Unesco, Aldabra est formé de quatre îles principales de récif corallien, séparées par des passes étroites et enfermant un lagon peu profond, bordé d’une mangrove de palétuviers et de plages de fin sable blanc.

A marée haute, l’eau cristalline laisse voir raies, requins ou tortues marines. A marée basse, émergent à l’intérieur du lagon de petites îles, sortes de champignons de pierre, semblant posés sur la mer.

Considéré comme l’un des plus vastes atolls du monde – 350 ha, dont 150 ha de terres émergées – son isolement, à plus de 1 200 km au sud de Mahé, principale île de l’archipel des Seychelles, les difficultés d’accès et l’absence d’eau douce, ont préservé Aldabra de l’influence humaine, en faisant un laboratoire naturel exceptionnel pour les scientifiques.

Dernières survivantes

Selon l’Unesco, il abrite « plus de 400 espèces et sous-espèces endémiques (vertébrés, invertébrés et plantes) ». Parmi elles, quelque 100 000 tortues géantes des Seychelles (Geochelone gigantea ou Aldabrachelys gigantea), ultime survivantes d’une espèce autrefois répandue à travers l’Océan Indien et décimée par la chasse.

Plus grosses tortues terrestres du monde – les mâles peuvent atteindre 1m20 de long et peser jusqu’à 300 kilos – elles bénéficient d’une longévité exceptionnelle, pouvant aller, selon le Dr Jeanne Mortimer, jusqu’à 250 ans.

« Aujourd’hui il ne reste que deux endroits sur terre où vit une importante population de tortues géantes : Aldabra et les Galapagos, mais les deux espèces sont différentes », explique cette biologiste américaine.

« L’écosystème d’Aldabra permet aux scientifiques de comprendre comment vivaient les tortues au moment où elles étaient tout en haut de la chaîne alimentaire », sans prédateur carnivore, absent à Aldabra, poursuit cette spécialiste des tortues, géantes et marines.

Selon Frauke Dogley, directrice générale de la Seychelles Island Foundation (SIF), fonds public chargé par le gouvernement de gérer l’atoll et la Vallée de Mai, autre site seychellois classé de l’Unesco, la population des tortues d’Aldabra – classées « espèce vulnérable » – est stable depuis le début des années 1980.

Seule réelle menace pour ces tortues, des chèvres introduite sur l’atoll il y a près d’un siècle et demi et qui entraient en concurrence pour les ressources alimentaires. Elles ont été récemment éradiquées.

Surveillance satellite des tortues

Aldabra est également, entre décembre et mars, un lieu de reproduction et de ponte privilégié, dans l’Océan Indien, de la Tortue verte (Chelonia mydas), espèce marine menacée.

« En février, c’est le pic de la saison de reproduction, tous les jours on enregistre de 30 à 40 traces de tortues vertes qui montent pondre leurs œufs (…) sur l’île de Picard, une des quatre îles de l’atoll, » montre Janske Van de Crommercker, coordinatrice scientifique à la SIF.

« La population de tortues de mer est en augmentation, tous les ans on enregistre plus de traces de femelles », notamment grâce à l’arrêt de la pêche du reptile, en vigueur jusque dans les années 1960, explique-t-elle.

Un programme de surveillance satellite en temps réel grâce à un émetteur implanté sur six Tortues vertes a permis de constater qu’après avoir pondu, ces tortues repartaient un peu partout dans l’Océan Indien.

Certaines « partent vers le continent africain, au Kenya, une autre est passée aux Comores et se trouve actuellement à Madagascar et une autre se trouve du côté de d’Arros », autre île de l’archipel seychellois, poursuit la scientifique.

L’atoll abrite aussi d’importantes colonies d’oiseaux, dont certains viennent s’y reposer au cours de leur migration.

Sauvé de la disparition

Cet écosystème rare, d’une beauté exceptionnelle, a bien failli disparaître dans les années 1970 pour laisser la place à une base militaire américaine, alors que l’atoll était encore l’un des Territoires britanniques de l’Océan Indien. L’idée sera finalement abandonnée face aux protestations des défenseurs de la nature et des scientifiques et la base construite sur l’atoll de Diego-Garcia, sur l’archipel des Chagos, 3 000 km plus à l’est.

Seule une quinzaine de personnes vivent en permanence sur l’atoll : quatre scientifiques, quatre gardes, du personnel administratif, un cuisinier, etc. L’eau de pluie est récupérée et le soleil fournit l’électricité.

L’absence de lignes maritimes ou aériennes limite l’accès des touristes, dont environ un millier se rendent chaque année à Aldabra, dans des conditions très strictes.

Seuls de petits groupes de 30 personnes maximum sont acceptés, encadrés par des gardes sur des itinéraires strictement délimités. Il est interdit d’y passer la nuit. Le droit d’entrée, 100 euros par personne, permet de financer la gestion de l’île, mais depuis des attaques de pirates, les touristes se font plus rares, déplore Maurice Loustau-Lalanne, président de la SIF.

 

Texte : Rassin Vannier
Photos : Patrick Joubert

 

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