« La COI est née aux Seychelles » |10 January 2014
La COI (Commission de l’Océan Indien) est née aux Seychelles. C’est ce qu’a rappelé le secrétaire général de l’organisation régionale M. Jean-Claude de l’Estrac hier lors d’une conférence de presse au Ministère des Affaires étrangères à Mont Fleuri.
Celui-ci était accompagné du Ministre comorien des Relations extérieures et de la Coopération chargé de la Diaspora et président en exercice de la COI, M. El-Anrif Said Hassane, et du Ministre seychellois des Affaires étrangères M. Jean-Paul Adam.
M. de l’Estrac a rappelé que dans les années 70, bien avant la création de la COI, existait une organisation qui avait pour nom ‘Conférence des Partis et des Etats Progressistes du Sud-ouest de l’Océan Indien’ et qui se réunissait régulièrement aux Seychelles. C’est des cendres de cette organisation qu’est née la COI, comme il n’a pas manqué d’expliquer :
« C’est là qu’est née l’idée de la coopération, elle-même née d’un soucis, d’un besoin de solidarité et de partage. Nous sommes partis de l’idée que seul et avec peu de moyens nous pouvions faire peu de choses mais qu’ensemble, en mutualisant nos ressources, même si nous n’en n’avons pas beaucoup, nous pourrions développer des projets communs, une stratégie commune au profit d’une vision commune de développement au profit de nos populations ».
L’occasion du point de presse : Les 30 ans de la COI qui sont célébrées aujourd’hui même. Hélas, 30 ans déjà que fut signé l’Accord de Victoria qui donna naissance à l’organisation régionale. Une grande partie de la grande famille politico-diplomatique indienne océanique se retrouve en effet de nouveau réunie aux Seychelles 30 ans après, pour fêter ce que le ministre Adam a qualifié « d’anniversaire historique ».
Comme l’a encore fait remarquer le ministre Adam, jusqu'à ce jour la COI est l’organisation la plus importante pour les îles du sud-ouest de l’Océan Indien. Le chef de la diplomatie seychelloise a rajouté qu’en cette année dédiée aux petits États insulaires, le timing de cette célébration prend davantage d’importance car la COI est la seule organisation de la région à défendre la spécificité des petits États insulaires.
Il a également souligné les possibilités de partage qu’offre l’espace commun au niveau, entre autres, de la communication, le développement linguistique, le tourisme et l’exploitation de nos ressources marines dans le cadre du concept de l’économie bleue prôné par le Président seychellois, M. James Michel.
Et quelles ont été pendant ces 30 dernières années les plus grandes réalisations de la COI ?
Pour le secrétaire général, « le plus important c’est d’exister, de partager cette idée de coopération et de partage». M. de L’Estrac souligne au passage que cette coexistence n’était pas gagnée d’avance vu notre histoire coloniale qui avait créée entre nous des relations de concurrence.
« Nous étions organisés non pas pour être ensemble, au contraire nous étions divisés au service d’autres intérêts. La plus belle réalisation c’est d’avoir renversé cette tendance et d’être ensemble et de comprendre, de savoir que nous avons une histoire commune et un intérêt commun et que nous pouvons bâtir sur un socle commun. Ça a l’air de rien de dire comme ça mais nous venons de loin », fait-il remarquer.
Il sort quand même deux exemples qui selon lui dépassent la COI mais dont l’organisation est à l’origine avec ce qu’il appelle « sa super structure intellectuelle ». D’abord l’accord entre les Seychelles et Maurice sur les bancs communs de pêche qu’il qualifie d’unique au monde et qui selon lui aurait pu être ailleurs à l’origine d’une guerre. Ensuite, le récent retour à l’ordre constitutionnel à Madagascar. Ce succès à la fois diplomatique et politique est d’ultime importance pour la région car la grande île est de loin le plus grand pays de la COI et représente 90% de son territoire terrestre, 95% de sa population et la grande majorité de ses ressources.
Dans la foulée, le secrétaire général da la COI va nous citer d’autres réussites de l’organisation qui est pour lui un exemple de développement durable. Parmi ceux-ci justement, le projet ‘Islands’ qui vise au développement durable de nos îles, la formation et renforcement des capacités, la protection de la zone de pêche qui compte 5 millions de km2, sans oublier la lutte contre la piraterie qui est devenue une base de coopération internationale sans précédent.
A ce propos, au ministre Adam de rajouter : « Ce qu’a fait la COI dans le cadre de la lutte contre la piraterie est maintenant la base d’une négociation plus large dans la mesure où l’expérience de la COI est appliquée en Afrique de l’Ouest et dans un espace plus large de l’Océan indien ».
Pour la COI, tous les projets dans lesquels 130 millions d’euros ont été investis pendant les derniers cinq ans pour sauvegarder l’intérêt du, comme dirait le chanteur seychellois Patrick Victor, « peuple de l’Océan Indien » ont eu un retombé économique important pour la région. Ce qui dans les yeux de ses partenaires économiques a positionné la COI dans une sous région africaine autrement marquée par des conflits, comme l’organisation la plus efficace dans la mise en œuvre et la réalisation de projets.
Finalement, quels sont les défis et comment se présente l’avenir de la COI ?
« Nous n’allons pas passer ces deux jours à se féliciter, nous allons regarder l’avenir », a répondu le secrétaire général.
Pour, comme le dit M. de l’Estrac « faire face aux défis des 30 prochaines années et s’assurer que la chaine se solidifie », il faudra améliorer la communication maritime, aérienne et audio-visuelle entre les iles. Sur ce dernier point, se dessine le projet d’une télévision régionale.
Il faudra également assurer au sein de chaque pays la bonne gouvernance et l’état de droit, ce qui contribuera à faire de l’Océan Indien une zone de paix et de stabilité.
Et toujours parlant de la région, au secrétaire général de conclure dans son langage d’ancien journaliste : « Tout commence avec la COI […] et dans la COI tout est un tout ». Pas étonnant alors qu’il souhaite qu’à l’avenir la COI ne soit plus une Commission, mais plutôt une Communauté.