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Archive -Seychelles

Pour un meilleur apprentissage de la langue française aux Seychelles |01 April 2015

Le français est la belle langue internationale de la diplomatie et de l’amour. Mais dire à un apprenant qu’il l’apprend pour uniquement aller « voir si la rose de mignonne qui ce matin était déclose… » comme le dit le beau poème de Pierre de Ronsard, n’est pas suffisant. Il faut lui expliquer l’importance de cette langue et les bénéfices qu’il peut en déduire, tant aux niveaux professionnel et économique qu’au niveau social.

Ce qu’a fait remarquer le directeur de l’Alliance Française des Seychelles Laurent Jalicous en s’exprimant lors d’un récent débat sur l’importance et l’apprentissage de la langue française aux Seychelles. Intitulé ‘comment développer l’appétence chez les élèves pour l’apprentissage du français’, le débat avait réuni dans l’amphithéâtre de l’Institut pour la Formation des Enseignants (SITE) un bon nombre d’enseignants, d’étudiants et d’autres intéressés ou simples amoureux de la langue de Molière.

En effet, cette importance économique de la langue française pour les apprenants seychellois et la nécessité de la leur faire savoir fut la principale leçon apprise en résultat de cette conférence.

M. Jalicous a encore fait remarquer que cette importance se traduit dans le fait qu’avec 120 millions d’euros d’exportation par an, la France est la première partenaire économique des Seychelles. A ceci s’ajoute le tourisme pour lequel elle a été pendant longtemps le marché fournisseur principal de l’archipel, avant d’être récemment légèrement dépassée par l’Allemagne. Sans également oublier que bon nombre de Seychellois travaillent pour des institutions internationales pour lesquelles le français est langue officielle.

Il a donc été conclu que le français est une langue universelle qui peut permettre de déboucher sur une brillante carrière internationale. Conséquemment, il est nécessaire qu’il y ait de bons francophones seychellois qui pourront se saisir de ces opportunités. Pour y arriver, le français peut être enseigné sur objectif spécifique, par exemple celui du français des affaires. En terme technique de la didactique du français, il est appelé Français sur Objectif Spécifique (FOS).

L’argument dans ce sens n’est pourtant pas récent. Car, il a été longtemps suggéré dans le milieu pédagogique que l’enseignement traditionnel et systématique et de la grammaire, la conjugaison et d’autres règles de cette langue généralement difficile aux Seychellois soit abandonné au profit de la communication et d’autres méthodes plus bénéfiques.

D’autres intervenants ont eu l’occasion de s’exprimer lors de l’activité qui avait débuté par une présentation de l’Ecole Française. Celle-ci a montré qu’outre créer une relation affective avec la langue française, elle vise à développer avec l’anglais un enseignement tout à fait bilingue. On a appris que l’école étudie aussi sérieusement la place éventuelle du créole dans sa pédagogie, en se reposant sur la situation de diglossie. C'est-à-dire, quand deux langues se retrouvent en compétition dans le même milieu géographique. La situation diglossique de l’Ile de La Réunion fait l’objet d’une étude en vue de cet éventuel développement linguistique qui s’avère très intéressant.

La représentante du Ministère de l’Education Mme Nadia Lauricourt, a quant à elle parlé des moyens déjà en place pour motiver les élèves à apprendre le français. Parmi ceux-ci, elle affirme exister un programme de didactique adapté pour les écoles maternelles, la diversification de manuels et matériels pédagogiques, la participation à des activités pratiques telles la poésie, la chanson, l’expression orale et  la dictée, des échanges entre les écoles publiques et l’Ecole Française et des jours spéciaux dédiés aux langues.

Comme défis à relever, elle a constaté un manque de contact avec la langue puisque les enfants n’en parlent qu’à l’école. A ceci vient s’ajouter un temps insuffisant consacré a l’enseignement du français, l’hésitation qui existe dans la pratique de la langue ainsi que l’insuffisance de matériel audiovisuel.

Elle a enfin souligné qu’Il faut admettre que notre situation de trilinguisme, quoiqu’une richesse, ne favorise pas toujours l’apprentissage du français.

M. Mohammed Kante de l’Ecole Préparatoire au Baccalauréat (SALS), a dans sa philosophie habituelle prêché qu’avec l’arrivée des colons français et des esclaves africains « le peuplement des Seychelles n’étaient pas français mais francophone ». Comme dans un véritable cours d’histoire, il a enseigné qu’après que les Seychelles soient passées sous administration anglaise après la défaite de Napoléon Bonaparte face aux alliés européens en 1814, les Anglais on mis tous les efforts et déployé tous les moyens pour pérenniser leur pouvoir. Malgré cela, ils étaient d’accord pour garder « notre langue et notre religion » qui bien entendu étaient alors le français et le catholicisme. L’anglais n’est devenu langue d’enseignement qu’en 1946 et le catholicisme reste à nos jours la religion de la majorité de Seychellois.  

Le prof d’histoire-géo converti en celui des lettres a encore fait rappeler que la nouvelle politique linguistique fut adoptée le 31 juillet 1981 quand les modalités des trois langues nationales furent déterminées, avec le créole en pole position, suivi de l’anglais et du français. Il a cependant constaté que l’anglais en tant que langue d’enseignement représente une motivation pour son apprentissage et que c’aurait été le cas si le français était favorisé de la même situation.

« Le savoir acquis a de sens seulement s’il est valorisé », a-t-il bien conclu.

En définitive, M. Kanté était alors d’accord avec M. Jalicous qu’il faut savoir motiver les élèves en fonction de leurs intérêts. Il faut aussi sensibiliser les adultes et les différentes associations à jouer leur rôle dans la pratique du français aux Seychelles.

Mignonne, allons voir si la rose

A Cassandre

Mignonne, allons voir si la rose

Qui ce matin avoit desclose

Sa robe de pourpre au Soleil,

A point perdu ceste vesprée

Les plis de sa robe pourprée,

Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d'espace,

Mignonne, elle a dessus la place

Las ! las ses beautez laissé cheoir !

Ô vrayment marastre Nature,

Puis qu'une telle fleur ne dure

Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,

Tandis que vostre âge fleuronne

En sa plus verte nouveauté,

Cueillez, cueillez vostre jeunesse :

Comme à ceste fleur la vieillesse

Fera ternir vostre beauté.

Pierre de RONSARD   (1524-1585)

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