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Archive -Religion

Entretien avec Aubrey Pon-Waye, frère au sein de la communauté « Famille Marie-Jeunesse » |01 August 2015

« Nous essayons de redonner goût à la vie aux jeunes »

 

Originaire d’Anse Etoile, Aubrey Pon-Waye, âgé de 24 ans est de la communauté « Famille Marie-Jeunesse », et est un seychellois engagé auprès des jeunes.

« Accepté d´être ce que tu es avant d´être ce que tu penses être », est source de bien-être, selon le partage du frère Aubrey Pon-Waye. Actuellement de passage aux Seychelles pour ses vacances, il a répondu à nos questions en toute simplicité.

 

Seychelles Nation : A quel moment de votre vie avez-vous fait le choix de devenir frère au sein de votre communauté ?

Aubrey Pon-Waye : Je ne peux pas donner de date exacte. Ce fût un profond désir de donner ma vie et d’être au service de la société. Un jour, en allant servir à l’église, j’ai compris le sens de l’appel de Dieu. Ce n’est pas quelque chose que j’ai entendu, mais ce jour-là, j’avais compris que j’allais donner ma vie pour servir Dieu.

 

Seychelles Nation : Comment avez-vous concrétisez cet appel ?

Aubrey Pon-Waye : Je me suis engagé au sein de l’église et j’ai cheminé au sein du groupe diocésain « Cherches ton étoile ». J’ai suivi des formations. En 2008, je suis allé à la rencontre de la communauté présente à l’Ile de la Réunion pendant une semaine. J’ai participé au rassemblement « Concile des jeunes » à Saint-Paul. Puis, je suis revenu aux Seychelles, tout en gardant contact avec les jeunes de la communauté réunionnaise. Aussi, en lisant les pages du magazine de la communauté « Famille Marie-Jeunesse », le Veilleur, je me suis rendu compte, au travers de leurs écrits, que Dieu réalisait leur désir et que celui-ci devenait une réalité. Ainsi, en 2009, je me suis préparé pour le nouvel événement de ma vie. Et, j’ai rejoint la communauté de la Famille Marie-Jeunesse (FMJ) au Canada, à Sherbrooke (au Québec) en juillet 2010. Une providence pour nous et un hasard pour le monde. Après un temps de contemplation et de réflexion, j’ai acquis la certitude que le Seigneur m’appelait, nous étions en décembre 2010.   

 

Seychelles Nation : La réaction de votre famille, vos amis et votre entourage ?

Aubrey Pon-Waye : Pour ma famille au sens large, d’une part biologique et d’autre part spirituelle, elle comprend ma foi et mon cheminement. Elle a été dans l’acceptation de mon appel. Pour une autre partie de mon entourage, ce fût l’étonnement par rapport au fait de donner ma jeunesse à Dieu à 20 ans. De même, une certaine incompréhension était suscitée du fait que je sois au Canada et non au service de la communauté aux Seychelles. Ce n’est pas moi qui décide de mon affectation, c’est la communauté FMJ au Canada. Peut-être, serais-je de retour aux Seychelles dans 10 ou 20 ans ?    

 

Seychelles Nation : Quelle est votre place dans ce monde du XXIème siècle ?

Aubrey Pon-Waye : Ma mission est de travailler avec des jeunes de 15 à 20 ans, le public est diversifié. Les jeunes sont parfois drogués, alcooliques, s’automutilent ou ont des difficultés à s’accepter. Nous les accueillons et partageons avec eux. Nous essayons de leur redonner goût à la vie. Une anecdote : « Vous savez, en Europe et au Canada, le mois de novembre est compliqué, c’est la période où il y a le plus de suicides des jeunes. Un jour, un jeune allait sauter sous un train, une sœur de notre communauté est allée à son secours, elle lui dit ceci : « Souviens-toi que tu as une âme ». Ce jeune a quitté la station de train et est rentré chez lui sain et sauf tout en réfléchissant à cette parole. 

 

Seychelles Nation : Justement, et vous, votre regard de jeune sur ces jeunes de notre époque ?

Aubrey Pon-Waye : Je rencontre des jeunes qui sont bafoués, qui sentent leur dignité de personne atteinte, qui sont rejetés à l´école ou qui rencontrent de grandes difficultés. Aussi surprenant que cela puisse paraître, je rencontre, des jeunes qui ont tout dans la vie et pourtant ils sont à la recherche de quelque chose de plus grand. A tous ces jeunes, je leur adresse le message de ma communauté : « Il  y a quelque chose de plus grand, Dieu peut répondre à tes désirs ».

 

Seychelles Nation : Quelle est « ce quelque chose » de plus grand pour vous ?

Aubrey Pon-Waye : Pour moi, c´est le désir du bonheur. Ce bonheur se manifeste par le désir d’être libre, autonome et fécond. A vrai dire, ce bonheur ce n’est pas quelque chose, mais quelqu’un. Le bonheur, c’est Dieu. Ce que je ressens, c’est qu’il y a quelqu’un qui peut aider.

 

Seychelles Nation : Aider qui et comment ?

Aubrey Pon-Waye : Aider le jeune, c’est tout d´abord prendre conscience que la personne en face de vous est unique. Dans mon discours, le langage que je choisis est celui de l’émerveillement des qualités de cet être humain. Ici, aux Seychelles, la critique est facile, mais il y a peu d´émerveillement. Comme si, le jeune, dans sa vie a peur d´exister. Une personne n’est pas uniquement ses faiblesses ou ses passions, elle est aussi ses qualités. Aimer la personne pour ce qu’elle est la laisse libre. Libre de ses passions, de ses qualités et de ses défauts, fait que l’on est unique. « Nous sentons bien nous-mêmes que ce que nous faisons n’est rien de plus qu’une goutte d’eau dans l’océan. Mais si cette goutte d’eau n’était pas dans l’océan, elle manquerait », cette citation de Mère Theresa, résume mon engagement.

 

Seychelles Nation : Et vos vacances aux Seychelles ?

Aubrey Pon-Waye : En principe, je suis en vacances. Dans les faits, je reste un religieux, cela fait partie de mon être, donc à l’écoute de mon prochain. C’est une mission qui me ressource. Je rencontre des pauvres emprunts d’une grande sagesse. A leurs contacts, j’apprends beaucoup. Les Seychelles, c´est la joie de retrouver la famille, la musique et la culture. Il y a ici quelque chose de spécifique : une couleur, une musique et un créole mélodieux.

 

Propos recueillies par Michèle Félicité

 

 

 

 

 

 

 

 

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