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Archive -Environment

COP 21 : 195 pays pour un accord plutôt diplomatique que climatique |15 December 2015

Après l’échec de l’accord de Copenhague en 2009, celui de Paris est historique. Le texte de référence a fait l’objet de maintes modifications afin que tous les pays acceptent de le signer. Mais qu’en est-il vraiment du changement climatique ?

Samedi dernier, les médias du monde entier ont assisté à un événement sans précédent à Paris : la signature de l’accord de Paris qui vise à limiter le réchauffement climatique. Un pas dans une direction commune, alors que les négociations semblaient complexes.

En déclarant l’accord adopté, Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères et du développement international, n’a pu cacher son émotion. Les autres pays présents ont fait de même. Le ministre chinois a pris John Kerry, secrétaire d'État des États-Unis, dans ses bras. Ségolène Royal, ministre française de l'écologie, du développement durable et de l’énergie, a partagé un pas de danse avec Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU. Les réseaux sociaux se sont enflammés et les déclarations médiatiques se sont enchaînées.

Dans un contexte mondial soumis à des guerres, sous toutes les formes, la diplomatie française a élégamment favorisé les compromis pour permettre la signature de cet accord. L’objectif initial de la COP 21 prévoyait de maintenir le réchauffement « bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels », et de « poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C ». Et ce « en reconnaissant que cela réduirait significativement les risques et impacts du changement climatique ».

La réalité est un peu différente. Les engagements de réduction des gaz à effet de serre pris par 187 pays conduisent à un réchauffement supérieur à 3 °C d'ici à la fin du siècle. L’accord de Paris mentionne que le pic d’émissions mondiales de gaz à effet de serre sera « aussi tôt que possible ». Laurent Fabius a demandé une révision à la hausse des engagements en 2015, il faudra attendre 2025, bien trop tard, estiment les climatologues pour contrer les impacts du changement climatique.

Et la fin du pétrole ? Pour que les pays pétroliers, comme l’Arabie saoudite et le Venezuela signent l’accord, la date finale d’utilisation du pétrole est méconnue. Alors, la taxe carbone ? Avant d’être créée, elle n’existe déjà plus dans l’accord.  Pourtant, il est bien question de développement durable et selon des propositions de grandes ONG, de remplacer les énergies fossiles par les énergies renouvelables. De même, point de traçabilité dans l’accord de Paris. Les droits humains restent dans le préambule et ne sont pas dans l’accord lui-même.

Globalement, malgré la réserve du Nicaragua,  l’Accord de Paris est  jugé « bon et équilibré » par les différents observateurs, notamment parce qu'il fait une vraie différenciation entre pays développés et pays en développement. « Bien au-delà du plus petit dénominateur commun », souligne Thomas Spencer de l'Institut du développement durable et des relations internationales, l’IDDRI.

La réserve du Nicaragua pour un « should » et non un « shall ». En effet, la notion de « should » était trop contraignante juridiquement pour les anglais et le sénat américain, qui auraient refusé de ratifier l’accord. Alors, cette petite correction a contrarié fortement le Nicaragua, qui au départ, avait refusé de signer l’accord. Après l’intervention de Barack Obama et du gouvernement nicaraguayen, cela s’est transformée en simple réserve. Aussi, sur la demande, entre autres, de Singapour, le secteur de l’aviation a été retiré de l’accord.

Plus de 300 heures de négociations, quand même, pour une prise de conscience mondiale de la nécessaire de réduction des effets des gaz à effet de serre sur le changement climatique. Comment le mesurer d’ailleurs ? Nous ne savons pas encore le faire. Ce qui implique la difficile sanction des pays fautifs. Néanmoins, la COP 21 a réussi à réunir tous les pays de la planète, hormis quelques récalcitrants, comme la Corée du Nord, par exemple. Et la société civile (entreprises, ville, associations, particuliers) s’est impliquée de façon remarquable et a su se faire entendre. Pour les pays les plus vulnérables, il existe un mécanisme d’entraide et d’assurance pour des pertes et dommages éventuels, sans compensation. C’est une précision significative pour les Seychelles. 

Enfin, la mise en œuvre de l’accord de Paris, signée par tous les pays, est prévue pour 2020. Pour qu’il soit valide, il devra être ratifié. Pour cela, chaque pays devra le ratifier, en fonction de sa législation, entre avril 2016 et avril 2017. Pour l’entrée en vigueur de l’accord de Paris, il faudra au minimum que 55 pays, représentant 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, le ratifie.

 

 

 

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