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Archive -Seychelles

La COP 21 et les Seychelles : Interview avec le ministre de l’environnement, de l’énergie et du changement climatique, Didier Dogley |17 December 2015

« Nous allons faire des efforts pour rester chez nous »


Partage avec le ministre de l’environnement, de l’énergie et du changement climatique, Didier Dogley, après sa participation à la COP 21, aussi appelée conférence Paris Climat 2015.

C’était un rendez-vous très attendu pour faire évoluer les politiques internationales sur le changement climatique.

A l'unanimité, un accord historique sur le climat de Paris a été adopté par les 195 États participant à la COP 21. Ce traité contraignant a pour but de limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C.

Le ministre Dogley a répondu, mardi, aux questions des journalistes dans la salle de conférence de son ministère.

Journaliste : Qu’est-ce qui a été important pour les Seychelles par rapport à la COP 21 ?

Ministre Dogley : La COP 21 était une conférence mondiale sur les changements climatiques. Cela s’est tenue il y a deux semaines à Paris. Ce fût une conférence historique. Les Seychelles sont concernées, car nous faisons partie d’un groupe de petites îles fortement affecté par les changements climatiques. Par rapport aux émissions de gaz à effets de serre dans l’atmosphère, les Seychelles sont impactées. Il y a des changements au niveau de la mer, par exemple l’érosion de la côte entre 2013 et 2015, le mauvais temps et sa fréquence qui a changé. Pour certains petits pays, c’est une question d’existence même. Ils s’interrogent sur comment continuer à exister ?

Journaliste : En quoi cette conférence est-elle historique ?

Ministre Dogley : Pour les Seychelles, la préoccupation majeure est la réduction des gaz à effets de serre. Ce sont les pays riches qui se sont développés en premier, et la responsabilité leur revient de réduire l’émission de carbone. La vitesse à laquelle se fera cette réduction impactera le changement climatique. Les climatologues préconisent de limiter la hausse des températures à 1,5 °C.  Lors de cet accord de Paris, il n’a pas été possible de maintenir ce degré d’exigence. Il a été convenu de rester en dessous des 2°C, mais en continuant à travailler pour atteindre les 1,5°C.

Pour les Seychelles et les petits pays vulnérables, c’est avant tout une question d’adaptation. Les Seychelles doivent faire face au mauvais temps, à la montée des eaux, aux éboulis…etc. Nous avons déjà dépensé plus de 20 millions de roupies pour les problèmes d’inondations à La Digue, à Anse aux Pins, à Praslin et à Au Cap, par exemple.

Le « fonds vert » de 100 millions d’euros est prévu justement pour aider les petits pays à faire face aux difficultés pour continuer d’exister. En 2020, le fonds d’adaptation devra continuer à être ajusté pour atteindre un niveau acceptable. Il y aussi le fonds d’entraide et d’assurance pour les pertes et dommages éventuels, sans compensation. Cet argent est disponible et peut être affecté en fonction des situations extrêmes de changement climatique. Les détails restent à affiner.

Les pays riches, en tout état de cause, devront financer le renforcement des capacités des pays du sud. Les petits pays devront être formés et en mesure d’évaluer et de planifier l’utilisation des ressources énergétiques.  Les débats ont été longs, car il était question de prise de responsabilité par rapport aux changements climatiques. Les pays industriels ont commencé. Ils se sont développés et ont produit en premier. Alors, ils doivent venir en support aux pays encore peu développés. Le rapport « Intended Nationally Determined Contributions » remis pour les Seychelles prévoit un plan de 300 millions de dollars d’ici à 2030 pour réduire au maximum les effets du changement climatique. Il va falloir trouver comment mobiliser ses fonds.

Journaliste : Y a-t-il eu des rapprochements avec d’autres pays, au cas où les Seychelles seraient menacés et auraient des refugiés climatiques ?

Ministre Dogley : Nous ne sommes pas intéressés pour aller vivre dans un autre pays. Nous allons faire des efforts pour rester chez nous. Le jour où les petites îles disparaîtront, les grandes villes du monde entier seront d’autant plus menacées. L’ouragan Katrina, en 2005, a été l’un des plus puissants de l’histoire des Etats-Unis. Après son passage, La Nouvelle-Orléans et toute la Louisiane étaient dans la désolation la plus totale. Alors, non, il n’y pas eu de rapprochements avec de grands pays, hormis le groupement Small Island Developing States (SIDS) que nous formons déjà avec les 38 autres petits pays vulnérables face aux changements climatiques. D’ailleurs, en date du 10 décembre 2015, à la COP 21 à Paris, Les Seychelles ont été élus au comité exécutif du SIDS DOCK. Ce dernier permet de lever des fonds pour financer les énergies renouvelables des petits États insulaires en développement. C’est une vraie stratégie d’adaptation face aux changements climatiques dans le cadre du développement durable. Nous travaillons dans ce sens depuis longtemps et nous n’attendons pas ces grandes conférences pour avancer.

 

 

 

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