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Archive -Education

Cour suprême : les interprètes formés sur la période française aux Seychelles |01 February 2017

 

 

 

« Du code napoléonien au système juridique anglo-saxon »

 

Depuis une semaine, les 69 années de présence française sont revues à la loupe par les interprètes. Pour cela, ils bénéficient non seulement d’une riche iconographie basée sur des documents d’époque numérisés, mais aussi d’un passeur de connaissances sur l’histoire des Seychelles, Richard Touboul.

Les interprètes de la cour suprême ont une mission particulière qui nécessite distanciation et équidistance. Déjà, deux termes complexes à expliquer. Alors, imaginez un interprète qui devrait les traduire en anglais et en créole. Ou à l’inverse, traduire de l’anglais au français, langue qui invite à la plus grande précision lexicale, d’autant plus dans le domaine juridique. Celle-ci a été enrichie par l’histoire et les diverses influences d’autres langues.

Ainsi, la présidente de la cour suprême des Seychelles, Mathilda Twomey a souhaité que les interprètes aient une capacité linguistique professionnelle supplémentaire afin d’avoir un langage distancé, en langue française, pour maintenir l’effet de justice et une culture plus approfondie de l’histoire française des Seychelles. « Le service judiciaire s’est réellement impliqué dans l’organisation de cette formation. Nos interprètes font déjà des formations en langue anglaise ou créole, c’est la première fois qu’ils peuvent tous suivre une formation totalement en langue française », a ajouté la responsable des relations publiques du ministère de la justice des Seychelles, Mme Anne Kautsky.

Par ailleurs, dans certaines affaires, les interprètes ont recours au tutoiement en langue française, ce qui influence le degré de distance avec les accusés. De ce constat, la cour suprême a estimé qu’il était important que ses interprètes puissent avoir la notion de nuance qu’implique la langue française et surtout d’avoir une meilleure connaissance de l’histoire du droit français, particulièrement des événements marquants de la période française aux Seychelles. Surtout que la naissance de l’histoire juridique des Seychelles est basée sur le code napoléonien. Ainsi, cette formation continue sur l’histoire des Seychelles (période française de 1742 à 1815) et les outils linguistiques, s’étalera sur 10 séances pour un total de 20 heures, à raison d’un cours par semaine, en langue française. Le cours démarre par la partie linguistique, puis enchaîne sur l’aspect historique.

Ils aborderont la découverte par Lazare Picault en 1742, puis la prise de possession en 1756 par Nicolas Morphey, ainsi que le premier peuplement le 27 août 1770 à Sainte-Anne. De même, ils pourront mieux comprendre ce qu’était l’établissement du Roy en 1778, en abordant par la suite le traité de Paris en 1814 pour terminer avec le changement de souveraineté en 1815 par la ratification de ce dernier par le Congrès de Vienne. Ainsi, cela donne une meilleure visibilité aux interprètes de l’imbrication du code napoléonien et du système juridique anglo-saxon.

Cette formation se veut ouverte sur le monde et la plus grande place est donnée à la discussion. L’objectif est de donner des outils de travail aux interprètes pour les enrichir culturellement et leur permettre d’aborder les situations de traduction en langue française avec plus de rigueur. Cela prévaut de l’égalité devant la loi, la justice, l’équité et la qualité d’un procès. Le rôle de l’interprète est aussi fondamental que celui du magistrat et des avocats. Une interprétation erronée peut changer la donne lors d’une affaire complexe.

« Cette formation sur l’histoire juridique et l’histoire de la période française aux Seychelles est essentielle. Pour certains d’entre nous, nous avions un manque de culture à ce sujet. En plus, la séance est vivante et nous avons accès à des documents historiques rares. Nous avons de la chance que le cours soit fait par un historien. Les cas où nous nous devions de traduire en français, avec des accusés ou des témoins français sont rares. Mais, aussi rares soient-elles, elles ont été significatives. Nous devions démontrer notre niveau de compétence en langue française. Le manque de pratique impacte la facilité avec laquelle nous pourrions aborder ces affaires », ont partagé quelques interprètes lors de la deuxième session de formation d’hier.

Au sein du système judiciaire seychellois, de nombreux juges sont francophones et la présidente de la cour suprême, qui elle-même, a fait une partie de ses études de droit à l’université Paris-Sud, prend soin d’affecter une affaire « française » à ceux-là en priorité. Ce qui est un support considérable pour l’interprète en exercice dans ce périlleux travail de traduction en langue française.

Enfin, Mme Anne Kautsky a tenu a rajouté que cette formation est aussi mise en œuvre pour faire évoluer les compétences des interprètes à un niveau plus approfondi.

 

 

 

 

 

 

 

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