Follow us on:

Facebook Twitter LinkedIn YouTube

Sport

La radiographie du sport et de l’éducation physique à Antananarivo |24 September 2019

La radiographie du sport et de l’éducation physique à Antananarivo

De gauche à droite : Ruudy Joseph, Hillary Nourrice et Robert Auguste

Participation active des experts seychellois aux travaux de recherche sur les activités sportives

 

Antananarivo et Madagascar viennent de connaître ces dernières semaines une période particulièrement faste.

Ce fût d’abord les exploits des « BAREA » qui, index sur les tempes et tête baissée prêts à charger comme des zébus ont bousculé tous les pronostics en s’invitant dans le dernier carré de la Coupe d’Afrique des Nations de football.

L’euphorie n’était pas encore retombée que le Pape François entamait un marathon spectaculaire qui allait redonner de la fierté et un large sourire à une population qui pouvait enfin redresser la tête même si pour certains le ventre sonne encore bien creux.

Les succès aux Jeux des îles de l’Océan Indien à Maurice et aux Jeux Africains notamment en basket et dans de nombreuses disciplines individuelles allaient poser la cerise sur le gâteau du sport malgache.

Signe des temps peut être, il y avait dans les rues de la capitale plus de panneaux consacrés aux footballeurs et à la visite du Pape que pour les grandes enseignes commerciales présentant la promotion de leurs produits.

 

Les valeurs du sport décortiquées en deux temps

Des experts internationaux venant de trente sept pays d’Afrique se sont déplacés pendant quatre jours dans le « Asia Africa », un hôtel somptueux et dans le Centre de Conférence International de la Chambre de Commerce et d’industrie de Tana tous deux situés près de l’aéroport international de Ivato. Le but était de recueillir les avis de l’Union Africaine, de l’UNESCO et de la CONFEJES. Cette revue de détails doit permettre « le développement durable d’une Afrique pacifique, saine et active ».

Les ministres de la jeunesse et des sports des différentes délégations ont parachevé les travaux en apportant le fruit de leurs réflexions sous l’œil avisé de Guy Drut, membre du Comité International Olympique, médaillé d’argent aux JO de Munich et champion Olympique du 110 m haies à Montréal. Cette grande personnalité fût également ministre de la jeunesse et des sports sous l’ère de Jacques Chirac, Président de la République Française (1995-2007).

Hillary Nourrice et Ruudy Joseph du Conseil National des Sports représentaient Jean Larue, leur directeur général, lors des tables rondes consacrées aux différentes acticités sportives proposées aux handicapés, aux déficients mentaux, aux sourds et non voyants.

Miera Savy, la régionale de l’étape née à Madagascar et Farah Aziz ont porté bien haut la parole de leur ministre Macsuzy Mondon retenue à Mahé par une importante activité locale.

Robert Auguste, lui aussi Seychellois, mais fonctionnaire principal de la division sport de l’Union Africaine, souhaite que le sport et l’éducation physique prennent encore plus de place dans la vie des citoyens de chaque pays membre de son  organisation.

 

Le sport acteur de la paix et de la lutte contre les  conflits ?

Dès l’antiquité, les conflits et les guerres étaient stoppés afin de permettre l’organisation de Jeux Olympiques pacifiques.

Malheureusement, depuis le 19ème siècle ce n’est plus le cas. Les jeux Olympiques de 1916, 1940 et 1944 ont été annulés en raison des guerres mondiales. Nous bannissons le geste d’Adolf Hitler le chancelier allemand quittant le stade Olympique de Berlin afin de ne pas serrer la main de Jesse Owens …parce qu’il était noir.

Part contre nous encensons Nelson Mandela qui enfile le maillot Springbok pourtant synonyme d’Apartheid et de racisme lors de la Coupe du Monde de Rugby en 1995 afin de procéder à la création d’une nation multiraciale.

Malheureusement, le racisme est encore bien présent dans les stades. Des pays ne veulent pas rencontrer leurs nations homologues en compétitions car de religion différente. En 1956, beaucoup de nations ne désiraient pas rencontrer l’URSSS qui avait envahi la Hongrie.

« La guerre froide » a provoqué le forfait de nombreuses nations pour les Jeux de Moscou en 1980 et Los Angeles en 1984. Cela n’a servi à rien et c’est le sport qui l’a emporté. Il faut signaler le geste courageux de Tommi Smith et John Carlos dressant le poing ganté de noir sur le podium pendant l’hymne national américain lors des Jeux de Mexico en 1968 luttant contre la politique ségrégationniste des Etats Unis, leur pays.

Que dire du geste  de bravoure de Muhammad Ali préférant aller en prison que de se rendre au Vietnam combattre « ses frères innocents » tout en sachant qu’il allait perdre son titre mondial de boxe poids lourds et tous les gains de ses combats ? Le sport est un réel acteur social qu’il faut prendre en exemple. Nous avons aussi connu des situations surprenantes comme la décision de nombreux gouvernements africains demandant à leur délégation de quitter Montréal en 1976 afin de protester contre la présence d’une équipe de Rugby de Nouvelle Zélande en Afrique du Sud. J’ai vu personnellement des athlètes pleurer en quittant le village. Ces athlètes savaient que  les Jeux Olympiques constituaient un couronnement et l’aboutissement d’un rêve de quatre ans qu’ils ne pourraient peut-être plus connaître. Pendant ce temps-là, les athlètes libanais dont le pays était en pleine guerre réclamaient dignement une trêve Olympique.

 

Les champions qui ont offert la dignité à l’Afrique

Il faut bien l’admettre, l’Afrique suite à l’indépendance de ses nations anglophones et francophones dans les années 1960 a obtenu ses lettres de noblesse lors des  Jeux de Rome. L’étonnante aventure d’Abébé Bikila mérite d’être Contée. Le gouvernement éthiopien avait sollicité son homologue de Suède afin d’obtenir les services d’un enseignant chargé de l’éducation physique et sportive dans leur pays. C’est ainsi que Onni Niskanen né à Helsinki de parents suédois est arrivé à Addis Abeba. Celui-ci devait assurer la préparation et l’entraînement de la garde personnelle de l’empereur, Hailé Sélassie. Après quatre ans de préparation Abébé Bikila, l’un de ces soldats de la garde se retrouvait à Rome pour disputer le marathon qu’il courut pieds nus en terminant dans un état de fraîcheur remarquable et devançant un autre Africain, le Marocain Ben Abdesselem Rhadi. En 1964 à Tokyo, Abébé Bikila renouvelait son exploit quelques jours après avoir été opéré de l’appendicite.
Dès lors les voies du succès allaient s’ouvrir à une Afrique conquérante.

L’Ethiopie, le Kenya, l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, l’Ouganda s’attribuaient les titres Olympiques entre le 800m et le marathon. Les Africains sont dorénavant présents sur les haies, le javelot et les sauts. Les femmes ont suivi le mouvement. Les grands champions de cette ère nouvelle pour l’Afrique se nomment Kiproge Keino, Mohammed Gammoudi, Nourdinne Morcelli, Saïd Aouita, Haile Gebreselasie, Mirius Yifter, Nawal el Moutawekel, Deratu Tulu, Maria Mutola et Hassimba Boulmerka. Aujourd’hui d’autres champions ont suivi leurs ainés et font de certaines épreuves, comme le demi-fond et le 3 000 m steeple une chasse gardée de l’Afrique. En boxe, les résultats s’améliorent d’Olympiades en Olympiades. Le Kenyan Robert Wangila en battant en 1988 à Séoul le Français Laurent Boudouani en 67 kilos fut le premier Africain champion Olympique. Si les résultats sont faibles en natation, en gymnastique et en aviron cela est surtout dû à un manque d’installation et de matériel. Par contre, les  combats de lutte traditionnelle qui sont très populaires sur tout le continent malheureusement tant en Gréco-Romaine qu’en  lutte libre, les Africains n’arrivent pas à s’imposer sur le plan mondial.

Dans les sports d’équipes, à part le football avec ses titres Olympiques pour le Nigeria, le Cameroun et le hockey sur gazon avec le Zimbabwe (féminin en 1980) le continent noir n’arrive pas à s’épanouir sur le plan mondial. Le cyclisme effectue une percée spectaculaire avec les Tours du Burkina Faso et du Rwanda  qui attirent des foules considérables. L’Union Cycliste Internationale suit des pays comme l’Afrique de Sud, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, l’Afrique du Nord et Madagascar. Quatre fois vainqueur du Tour de France en 2013, 2015, 2016 et 2017, Chris Froome est originaire du Kenya.

 

L’activité physique fait partie intégrante de l’éducation

L’activité physique s’apprend au même titre que l’enseignement général. En réalité la façon de se comporter avec l’enfant dès son plus jeune âge va permettre à ce dernier de faire l’acquisition du savoir-faire. Réaliser des exercices physiques sera tout aussi naturel que d’ouvrir un livre pour étudier. Un bambin va suivre l’exemple de ses parents qui suivent régulièrement son éducation. Un enfant peut aller d’une grande douceur à l’agressivité tout en passant par l’indifférence. En dehors d’une maîtrise du corps, l’éducation physique va permettre l’apprentissage de pratiques liées à la vie quotidienne comme la volonté, le courage et le désir de se surpasser sur le plan social. En ce qui concerne la vie économique, l’éducation physique permet l’amélioration de la productivité en limitant les périodes de fatigue donc d’arrêt de travail. C’est ainsi que la culture physique se rapproche de la médecine et joue également un grand rôle dans la lutte contre la maladie. Ce sujet de l’éducation physique du sport et de toutes… ses dérives est vraiment passionnant.

Les Seychellois ont bien compris tout cela puisque les bébés peuvent aller à la piscine ou effectuer des exercices de marche en rampant ou à quatre pattes. Même les personnes d’un …âge certain peuvent s’adonner à la marche et effectuer des exercices d’assouplissement et d’équilibre dans les parcours sportifs prévus à leur intention par les ministres du sport et de la santé.

 

Francis Herbet

More news