Antoine Abel n'est plus |20 October 2004
L'écrivain et poète seychellois y avait été admis le dimanche 10 octobre, après une crise cardiaque.
Né le 27 novembre 1934 à Anse Boileau (Mahé) M. Abel était le premier écrivain francophone natif des Seychelles. Après ses études primaires, il avait appris la maçonnerie, qu'il abandonnera pour embrasser le métier d'enseignant. Il fait des études classiques puis s'inscrit à l'Université de Reading, au Royaume-Uni, où il décroche un Certificat d'études avancées en science de l'Education. Après avoir enseigné l'agriculture, il suit un stage à l'Université de Bristol qui le prépare à former des enseignants, notamment à TTC (Teacher Training College), à Mahé, où il contribuera à la formation de plusieurs de nos professeurs actuels.
Auteur de plusieurs récits, contes et poèmes, M. Abel est le premier Seychellois lauréat du Prix des Mascareignes en 1979, récompensant le meilleur auteur de la sous-région, prix qu'il partagea cette année là avec le Réunionnais Jean Azéma. Il est également le seul Seychellois à avoir réussi la prouesse de faire publier trois ouvrages la même année chez le même éditeur (la maison p. j. Oswald). Les ouvrages ont pour titres Une tortue se rappelle, Contes et Poèmes des Seychelles et Coco Sec. C'était en 1977.
Ecrivain inclassable, M. Abel a, durant toute sa vie, posé un regard amusé parfois plein de tendresse sur la société seychelloise comme sur ses deux filles Caroline 31 ans, aujourd'hui directrice au Bureau des études et des statistiques à la Banque Centrale, et Francesca (26 ans), Staticienne à la Division des Statistiques près le Ministère de la Planification Economique.
De son inscription à la Fonction publique comme enseignant (sans diplôme) le 18 mai 1959, après quatre années d'études secondaires en Suisse, jusqu'à son départ à la retraite en 1986, M. Abel s'était toujours signalé comme un travailleur infatigable, fidèle à ses origines et un patriote attaché aux valeurs créoles.
Tu nous manqueras à tous M. Abel, toi qui nous avait habitué à te voir toujours à l'oeuvre, puis à te voir de moins en moins, puis à ne plus te voir que par éclipse. Tu as pris le chemin de l'infini avant tes grands frères David (au Canada), Expedit, Philip et Francis et ta soeur Marguerite que les jeunes appellent Tantine Germaine.
Dans ton expression imagée, populaire, mais jamais inconvenante, toujours enracinée aux réalités de ces îles que tu as tant aimées, tu as toujours mêlé gaieté, sensibilité et tendresse, dans la centaine de poèmes, récits et ouvrages que tu laisses à la postérité.
Nous te pleurons et nous t'embrassons aujourd'hui avec ta femme Joséphina, bien connue comme Fina qui a fait fi de toutes les rumeurs malveillantes pour te suivre jusqu'à ton dernier souffle, tes enfants Caroline et Francesca, tes 4 frères, ta soeur et tous tes nombreux admirateurs anonymes. Comment manger désormais un rougay pwason, ton plat préféré, sans penser à toi ? Ce plat que tu savais si bien faire quand tu préparais tous les midis pour toute la famille. Adieu M. Abel ! Et s'il est vrai que de l'autre côté s'épanouit une vie nouvelle, que dans ce monde ta nouvelle vie soit à jamais semée de paix et d'amour.