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Archive -Alliance Francaise

Alliance française : conférence « Marianne Perreti, la dame aux vitraux », par Yves Lo Pinto |06 October 2016

Un crayon, une lumière des tropiques avec la liberté et l’audace de l’invention

 

Vendredi dernier, Yves Lo Pinto, ancien diplomate et ami de l’artiste Marianne Perreti, a fait découvrir au public seychellois, l’histoire, le parcours, les œuvres et la contribution de « la dame aux vitraux » à l’art moderne.

Dans une ambiance feutrée, Yves Lo Pinto a conté l’histoire de Marianne Peretti. Qui est cette artiste ? Une majorité des Seychellois ne la connaissent pas… Artiste-plasticienne, franco-brésilienne, elle a, aujourd’hui, 89 ans et poursuit son travail de création et d’invention dans son atelier d’Olinda au Brésil.  « Il y a six ans, le visage inondé de larmes, submergée par l’amertume et la tristesse, Marianne me posait la question : comment se fait-il qu’au bout de 70 ans de création artistique, je ne sois pas reconnue pour mon engagement dans l’art moderne ? Et là, je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose pour cette grande artiste », a introduit M. Lo Pinto, lors de sa présentation.

C’est ainsi que naîtra le projet Marianne Peretti, lancé par B52 Cultural, entreprise culturelle de Recife, Brésil. Ce projet comporte : la publication d'une monographie, livre d’art paru en août 2015 et intitulé « Marianne Perreti ‒ L’audace de l’invention » aux éditions Belin, une exposition itinérante, déjà présentée à Recife en 2012 et 2013, et un documentaire filmé de 52', réalisé également.

M. Lo Pinto se charge de la promotion française de ce projet. Ainsi, il a choisi de démarrer sa tournée des 44 Alliances françaises dans le monde, par celle des Seychelles, où il a des liens professionnels et personnels. 

Marianne Peretti est née à Paris en 1927, de père brésilien et de mère française. Famille aisée de Neuilly, elle ira au primaire à l’école Molière, Rue Mozart, puis au secondaire au lycée religieux Victor-Duruy, à proximité de la maison de Rodin. A 15 ans, elle ne va pas en cours, elle va dans les musées…et surtout, dessine. De la Grande Chaumière, à Montparnasse, elle s’inscrira aux Arts-Déco en 1943, qui formait également les architectes à cette époque. Elle commencera à dessiner pour la revue Air-France et illustrera des livres.

En 1947, fin de la guerre, elle est invitée à rencontrer sa famille brésilienne. Elle sera frappée par la lumière des tropiques. De retour à Paris, une série de créations voient le jour sous la houlette d’André Salmon au travers de l’Almanach de Saint Germain des Près. Déjà, la trame de ces futurs vitraux est mise en perspective par l’artiste-plasticienne. « C’est une artiste qui a le goût de saisir la poésie avec une intelligence graphique », selon les termes du critique d’art, qu’est, également, André Salmon. « Elle se souviendra, émue, de sa rencontre avec Salvador Dali, en 1952, lors de sa première exposition solo, à seulement 25 ans, qui lui dira : Vous n’êtes pas une artiste bourgeoise ! », a souligné son ami, Yves Lo-Pinto.

Puis, son père tombe malade, elle part s’installer au Brésil. Mariée à un homme d’affaires anglais et mère d’Isabella, elle commence à s’ennuyer au foyer face au tourbillonnement de sa créativité. Elle participera à la 5ème biennale de Sao Paulo et emportera le premier prix pour la création de la couverture du livre « Les Mots » de Jean-Paul Sartre. Indépendante dans l’âme, elle se sépare et décide de rentrer à Paris. Elle y reprend la création artistique.

En 1959, elle travaillera avec, l’un des plus grands bijoutiers du monde, Hans Stern, et fera non seulement les vitrines de ses 129 boutiques dans le monde et à 32 ans, elle sera, aussi, ambassadrice de ses bijoux. Elle continuera, dans le même temps, à voyager et à exposer son travail d’artiste.

En 1967, elle rencontre le monde de l’architecture et de la décoration à Paris, elle y créera pendant un an. Puis, elle retourne au Brésil et posera son tout premier vitrail, de 30 centimètres de diamètre, dans une maison d’architecte au nord du Brésil. A cette période, le Brésil décide que Brasilia sera la nouvelle capitale. A l’issue d’un concours d’urbaniste, Oscar de Niemeyer l’emporte. Il sera l’un des architectes de ce modernisme brésilien et de cette ville surgie de rien.

1972, elle réalise son deuxième vitrail de 48 m2 pour le réfectoire d’un centre de formation d’apprentis de l’électricité impasse Delphine à Paris 11ème. On assiste à la création de la boîte à lumière, une technique qu’elle utilisera par ailleurs.

1975, coup de foudre pour Oscar de Niemeyer dont elle voit une interview pour l’édifice de Milan en Italie. Par audace, elle part à sa rencontre, elle frappe à sa porte, c’est lui qui ouvre. Il succombe à l’émanation de sa grande énergie. Elle travaillera avec lui en tant qu’artiste confirmée en fixant une limite importante : ce qui régit mon travail, c’est la liberté de création, lui dira-t-elle. Couple remarquable, ils se scrutent, se simulent et ouvriront un dialogue subtil et exceptionnel entre art et architecture.

L’une des plus grandes œuvres de Marianne Perreti est la cathédrale de Brasilia. Telle une naissance spatiale, un bijou de fiançailles, avec de l’eau tout autour, des reflets, des lumières vivantes, le mélange du bleu et du blanc, l’artiste s’affairera plus de trois ans sur ce projet en collaboration avec Oscar de Niemeyer, c’est une œuvre monumentale…elle y est intervenu, 30 ans, après sa construction et avoir refusé pendant 3 ans la proposition de l’architecte. Avec le soleil et les lumières qui changent, l’œuvre est vivante, c’est l’une des caractéristiques du travail de « la dame aux vitraux ».

« Tout ce qu’elle a touché, elle a inventé, elle a transformé et elle y a apporté du nouveau. C’est une artiste naturelle. Je ne sais faire que ça, jusqu'à ma mort je dessinerai…m’a-t-elle dit. Un grand hommage est prévu au Brésil en son honneur en 2017. Dompter la lumière, entre la connexion du visible et de l’invisible pour créer son style de vitrail fût l’une des problématiques du grand manque de visibilité de cette artiste, qui doit maintenant prendre la place qu’elle mérite parmi les artistes reconnus du XXème siècle », a souligné Yves Lo-Pinto.

 

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