Paul Hodoul raconte l’après attaque |25 November 2021
Après une attaque manquée par les mercenaires en 1981, la sécurité du pays était en jeu. Le gouvernement du jour devait rappeler tous ses hommes forts qui étaient à l’étranger.Une de ces personnes était M. Paul Hodoul, membre de la marine nationale à cette époque et qui était en Russie pour une formation.
« J’avais 28 ans à cette époque. Je faisais mes études d’officier et je suis revenu quatre jours plus tard suite à un appel du Président (France Albert) René. Les Seychelles étaient toujours dans un état de guerre depuis 1977, il n’y avait jamais eu un moment tranquille. L’opposition de son côté se mobilisait non pas politiquement (car c’était interdit) mais militairement ! Quand on entend qu’il y avait des morts, on doit retourner dans l’histoire du pays pour savoir la vérité. Il y avait un essai par trois hommes de venir prendre les armes dans le caserne militaire. C’était dans cette tension que les Seychelles vivaient jusqu’à 1992 avec l’introduction des multi-parties », raconte M. Hodoul.
Après l’échec des mercenaires, les choses ont beaucoup changé aux Seychelles. « L’opposition a réalisé que c’était très difficile d’attaquer les Seychelles, car militairement le pays était avancé et le gouvernement avait formé ses cadres avec des officiers capables et ce n’était pas facile d’attaquer les Seychelles avec un groupe de mercenaires. Les militaires s’entraînaient jour et nuit pour contrecarrer ce genre d’attaque ».
Selon M.Hodoul, les mercenaires étaient venus aux Seychelles pour anéantir le cabinet des ministres. « Ça a été dit ! Même ceux qui ont été gracié avait eu des ordres d’anéantir le président et le cabinet. Ça veut dire que les Seychelles étaient dans un état de guerre. L’opposition ne venait pas parler, mais pour anéantir ceux qui étaient au pouvoir et reprendre le pays avec un nouveau gouvernement. C’était l’opposition aile militaire principalement et je ne crois pas que l’opposition de M. Mancham était au courant de tout ça ! Je ne crois pas qu’il avait donné son aval pour tout ça. D’après tout ce que j’ai pu discuter et assimiler, je ne crois pas qu’il voulait prendre le pouvoir par les armes. C’était plutôt Gérard Hoareau etl’aile plus jeune qui voulaient prendre le pays militairement. On ne peut pas juger objectivement si on ne se remet pas dans ce contexte ‒ un état de guerre avec une cinquième colonne à l’intérieur du pays et essayer aujourd’hui de retirer les vraies causes des incidents sans comprendre la situation à l’époque, je crois que c’est une faute. C’est mal revoir l’histoire. Ceci dit, s’est passé et ça reste dans les annales qu’il y avait une tentative de changement de régime par la force ».
M. Hodoul continua en disant que « l’Afrique du Sud était entièrement impliqué dans cette attaque. A ce moment, l’Afrique du Sud était dans les sanctions par la majorité des pays du monde. Il n’y avait pas un pays africain qui pouvait travailler avec eux et en prenant les Seychelles, il croyait pouvoir contourner toutes les sanctions. C’est pour ses raisons qu’ils avaient planifié cette attaque ».
Dès son retour au pays, M. Hodoul continua son service au sein de la force marine. Et ils se préparaient militairement pour contre-attaquer, s’il y avait une deuxième attaque. « Quand on a tout établi, je suis reparti en Russie pour terminer ma formation. Depuis cet évènement, cela nous a fait réaliser qu’il y a un danger qui nous guettait de l’extérieur. A ce moment-là, les lois et la discipline étaient plus rigide et sévères », conclu-t-il.
Vidya Gappy