Sylla Abdoulaye, ancien rédacteur en chef et directeur de l’information |28 June 2021
M. Sylla Abdoulaye
« A défaut d’être objectif le journaliste doit être honnête »
« C’est du bon travail ! » On attendait ces mots impatiemment sortant de la bouche d’un de nos anciens rédacteurs en chef et directeur de l’information Sylla Abdoulaye.
Il dirigeait la rédaction avec une discipline sans tache et il ne cessait de faire le tour de la rédaction pour voir si « tout va bien ».
Seychelles NATION : Quand avez-vous rejoint Seychelles NATION et en quelle capacité ?
Sylla Abdoulaye : J’ai rejoint Seychelles NATION en 1982, mais avec un seul pied dans le journal. J’étais employé du gouvernement au Ministère de l’Education et de l’Information, et parallèlement à mes activités pédagogiques je devais aussi produire des articles de réflexion et d’analyse. Mais il faut dire que cette contribution n’a pas été toujours régulière comme je l’aurais souhaité en raison de mes charges de professeur et tous les autres travaux qui m’incombaient. Je peux dire que j’étais une sorte de pigiste intermittent, à l’époque.
Seychelles NATION : Quel a été votre parcours au sein de l'entreprise et quelle a été votre principale réalisation ?
Sylla Abdoulaye : Je suis rentré de plain-pied à Seychelles NATION en 1989 comme éditeur, puisque j’étais le rédacteur en chef d’un autre journal hebdomadaire, avant de devenir principal éditeur, puis directeur. Ma principale réalisation en tant que journaliste c’est d’avoir apporté ma modeste contribution au processus de construction de la fierté et de l’identité nationale seychelloises. Je suis fier de l'état d'esprit citoyen qui se dégage encore des colonnes de ce quotidien. Ma principale réalisation comme directeur c’est d’avoir engagé Seychelles NATION dans la dynamique du profit et d’avoir permis à tous les travailleurs sans exception de jouir de ses bénéfices, au prorata de leur statut.
Seychelles NATION : Quel a été le rôle de Seychelles NATION au fil des ans ?
Sylla Abdoulaye : Seychelles NATION se voulait un journal d'information, d'éducation, de formation et de conscientisation. Et il ne s’en est jamais distrait. En plus de la communication des actions gouvernementales, il a largement contribué à la mobilisation en donnant un sens élevé d’éducation aux femmes, aux hommes et aux jeunes de ce pays qui en avaient accès, et cela par le biais d’une information propre et responsable. A ce titre, Seychelles NATION est devenu la mémoire du pays et le témoin privilégié de la marche des Seychelles vers son destin.
Seychelles NATION : Pensez-vous que ce rôle a changé ?
Sylla Abdoulaye : Je ne pense pas que ce rôle ait fondamentalement changé même si je constate parfois que le journaliste a tendance à devenir un juge alors que sa mission est d’informer l’opinion de façon juste, objective et équitable. A défaut d’être objectif le journaliste doit être honnête.
Seychelles NATION : Comment envisagez-vous l'avenir du journal ?
Sylla Abdoulaye : Je dirais plutôt quel avenir la presse écrite peut se construire dans un contexte bouleversé par la révolution numérique. Quoique Seychelles NATION soit une institution, il n’est pas le seul concerné. C’est toute la presse écrite. Car la révolution numérique a entrainé une évolution de la demande d’information ; les supports sont différents et le rythme de diffusion et de réception de l’information s’est modifié ; les consommateurs sont devenus à leur tour des producteurs et prescripteurs d’information via les réseaux sociaux. Et le plus inquiétant, c’est qu’actuellement le lecteur a tendance à aller chercher une autre information, loin de celle diffusée par les canaux classiques. Donc la presse écrite doit faire sa mue, pour ne pas dire sa révolution.
Seychelles NATION : Quel est votre souhait pour le personnel ?
Sylla Abdoulaye : Je souhaite à tous bon vent et du courage. Et j’exprime surtout à chacun d’eux mes félicitions pour leur rôle dans le maintien de Seychelles NATION comme le quotidien de référence dans le paysage médiatique seychellois.
Propos recueillis par Vidya Gappy