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Entretien exclusif avec la nouvelle vice-chancelière de l’UniSey, Mlle Joëlle Perreau |07 January 2021

Entretien exclusif avec la nouvelle vice-chancelière de l’UniSey, Mlle Joëlle Perreau

Joëlle en compagnie de sa mère Michol, son frère Luc, sa belle-sœur Nichole, ses nièces Zoya (14 ans) et Neena (9 ans) et son neveu Zion (3 ans)

« Mon intérêt a toujours été le développement des êtres humains »

 

Mlle JoëllePerreau est la cinquième vice-chancelière de l’Université des Seychelles (UniSey) et succède à Justin Valentin qui a été nommé ministre de l’éducation dans le nouveau cabinet du Président Wavel Ramkalawan.

Mlle Perreau est une employée de l'UniSey depuis sa création en 2010. Elle a largement contribué au développement des programmes, à l'enseignement et à l'assurance qualité de l'université. En 2015, elle a rejoint le cadre de direction de l’UniSey, en tant que chef de programme, elle a ensuite été promue au poste de doyenne de la faculté. Son expérience, son honnêteté, sa passion et son engagement envers l’UniSey permettront à l'institution de se renforcer.

Seychelles NATION vous présente un entretien exclusif que nous avons eu avec la nouvelle vice-chancelière.

 

Seychelles NATION : Mlle Perreau, décrivez-nous votre enfance et jeunesse pour nos lecteurs.

Joëlle Perreau : Je suis née le 10 juin 1974 d’un père Mauricien et d’une mère Seychelloise. Mon père était Jocelyn Perreau, un artiste et il est arrivé aux Seychelles en 1972 avec son orchestre. Et je pense, qu’il a eu un coup de foudre pour ma mère et ils se sont mariés. J’étais la première petite de la famille que ce soit ici aux Seychelles et à Maurice. J’ai eu une superbe enfance des deux côtés et six ans après, j’ai eu un frère, Luc. J’ai vécu toute ma vie à Anse aux Pins. J’ai grandi dans une famille unie, remplie d’amour et mon frère et moi, nous n’avons manqué de rien. On a appris la tolérance et comment aimer l’être humain. Je remercie mes parents énormément parce qu’ils m’ont toujours soutenue dans ce que je voulais faire. Je sais que ma force vient d’eux et de mon frère Luc. Ma défunte grand-mère maternelle m’a énormément influencée dans ma façon de pensée et dans ma façon d’être. Je pense que c’est pour ça que je suis devenue une femme très indépendante et presque autonome. Je suis aussi proche de ma famille à l’Ile Maurice, car des deux côtés, j’ai deux petites familles. Je peux compter sur eux et sur leur soutien indéfectible. Mes parents ont assuré que nous avons les deux nationalités et grandissent avec les deux cultures. J’ai eu aussi la chance d’être entourée par des amis très sincères depuis mon enfance. Je suis très reconnaissante envers toutes ces personnes. J’ai eu la chance d’être dans une famille et dans un cocon protégés et je pouvais être ce que je voulais. J’ai été toujours ronde et ma famille a tout fait que je sois bien dans ma peau et cela n’a jamais été un problème pour moi.

 

Seychelles NATION : Quelles études avez-vous faites et pourquoi ?

Joëlle Perreau : Mes études primaire et secondaire ont été à Anse Aux Pins et puis je suis partie au National Youth Service à Ste Anne 2 et Port Launay pour deux ans. Ensuite j’ai continué mes études des O-Levels et A-Levels à la Polytechnique d’Anse Royale. Je devais faire les sujets de science malgré mon intérêt dans la langue. En faisant les A-Levels, j’ai eu la chance de choisir les langues et la biologie. J’ai toujours voulu être psychologue, parce que mon intérêt a toujours été les êtres humains. Mais je n’ai pas pu faire la biologie à cause de l’emploi du temps et ils m’ont dit de faire l’économie. Maintenant, je vois l’importance de ces études.

Comme j’étais bonne en français, on m’a convaincu de faire la formation d’enseignant. Apres j’ai été convoquée pour une réunion à l’Ambassade de France pour m’encourager à faire une licence et un master en France. J’ai commencé ma formation ici aux Seychelles et grâce à l’Ambassade de France j’ai pu continuer ma licence à l’Université de Franche-Comté à Besançon. J’ai aussi eu une formation en Informatique. Pendant cette période, il y avait d’autres professeurs qui étaient venus travailler avec nous de l’Université de la Sorbonne, en France. J’ai été choisi à faire un projet ‘Alsic’ qui est l’Apprentissage des langues et systèmes d’information et de communication. En faisant cela, je me suis faite remarquée par un prof de la Sorbonne. Cette professeure m’a proposé de faire mon Doctorat avec elle à la Sorbonne. Je suis éternellement reconnaissante envers le gouvernement français pour mes études que j’ai entreprises en France, au gouvernement seychellois pour m’avoir embauché et aussi à l’UniSey pour m’avoir permis de continuer mes études.

 

Seychelles NATION : Décrivez-nous votre parcours professionnel.

Joëlle Perreau : Le Ministère de l’Education m’avait embauché en 1997 dès que je me suis inscrite au programme de formation. J’ai eu la chance d’enseigner dans les écoles secondaires. Avant d’entamer mes études de doctorat en 2004, je suis retournée aux Seychelles où j’ai enseigné les étudiants d’A-Levels. Comme j’ai été formée pour former les autres, le ministère m’a mis au National Institute for Education pour faire la formation des futurs enseignants. A ce même moment j’ai commencé à enseigner à l’Alliance Française des Seychelles. Pendant ce moment-là aussi j’ai rencontré d’autres chercheurs qui m’ont donné beaucoup d’idées.

 

Seychelles NATION : Vous êtes la deuxième femme à assumer le poste de vice-chancelière. Comment vous vous sentez ?

Joëlle Perreau : Je me sens très honorée et j’ai accepté ce poste avec toute humilité. C’est un travail qui n’est pas forcément facile mais très intéressant. Une femme à ce poste peut aussi dire d’avoir une autre façon de voir les choses. J’ai été assez surprise quand on m’avait demandé de prendre ce poste, mais je suis contente qu’on m’ait confié cette responsabilité de mener l’UniSey à bon port. J’ai été aussi surprise de recevoir des appels et des messages du monde entier, même de mes prédécesseurs et mes professeurs des universités. Pour moi, être vice-chancelière, est un travail et j’espère bien le faire.

 

Seychelles NATION : Quel sera votre plan d'action là que nous faisons face à une seconde vague des infections de la Covid-19 ?

Joëlle Perreau : Déjà l’UniSey a repris ses fonctions depuis le 4 janvier. Avant le premier janvier, j’ai dû rentrer en fonction et nous avons réactivé la Covid-19 management team. Apres la pause du Nouvel-An, le personnel de l’université a été rassuré. Il était prévu que tous les programmes reprennent le 4 janvier, mais nous avons décidé de suivre les guidances du Ministère de la Santé et fermer l’université. Depuis l’année dernière, nous avions mis en marche un système de télé-enseignement et depuis le 4 janvier nous continuons de la même façon. C’était plus facile pour les staffs et les étudiants de ré-rentrer dans ce système-là. Notre business continue en ligne un peu comme toutes les universités du monde. Grâce au travail exceptionnel de notre personnel académique et non-académique, nous avons eu des résultats exceptionnels. Les étudiants en informatique en première année ont eu des excellents résultats et certains on même eu des prix internationaux. Cela prouve que le travail a été triplé par nos enseignants et nos étudiants. Evidemment nous avons rencontré quelques difficultés mais nos partenaires ont compris et nous avons pu remanier les choses pour que les étudiants continuent. Cette nouvelle vague est malheureux pour nous tous, mais au niveau de l’UniSey nous voulons rassurer nos étudiants, nos partenaires et tout le monde que nous faisons de notre mieux pour que les études continuent, le travail continue et j’espère qu’on aura plus de demande pour des formations en ligne.

 

Seychelles NATION : Pensez-vous avoir plus de collaboration avec d'autres universités dans le monde pour faciliter les études de nombreux de nos jeunes Seychellois ?

Joëlle Perreau : Oui, parce que nous avons de très bonnes relations avec des universités dans le monde. Par exemple avec l’Université de Maurice, nous développons plus de programmes à travers le Commonwealth of Learning et l’Université des Seychelles a la chance d’être membre du Commonwealth of Learning. UNESCO nous aide avec des possibilités de formation et cela a ouvert nos frontières avec d’autres universités. Notre bonne collaboration avec l’Université de Maurice nous aide à atteindre d’autres universités mondiales. Nous avons été contactés par d’autres partenaires internationaux et ils nous font confiance, car je pense que nous sommes bien situés, même au niveau des résultats. Même si nous n’avons pas un programme actuellement à l’UniSey qui intéresse nos jeunes, nous pouvons mettre les choses en marche pour les aider avec d’autres types de programmes qui les intéressent.

 

Seychelles NATION : Avec un nombre considérant des pertes d'emplois, conseillerez-vous aux personnes ayant toujours la possibilité et la capacité de continuer leurs études et de trouver une autre carrière ?

Joëlle Perreau : Toujours, le rôle principal de l’UniSey est de former sa population. La formation ce n’est pas seulement les jeunes qui sortent de l’A-Level ! C’est aussi pour ceux qui ont de l’expérience et qui aimeraient trouver une autre carrière. Le plus grand nombre d’étudiants sont ceux qui sont en train de travailler aussi. Il y en a au début qui ont peur de venir et après ils ont des résultats exceptionnels. Il n’y a pas de limite d’âge et nous sommes là pour les aider à trouver quelque chose pour eux. Nous offrons aussi des formations à court terme au niveau universitaire. Nous sommes là pour contribuer aussi avec les autres organisations qui existent aux Seychelles pour pouvoir aider les employés, les employeurs et le gouvernement à former les Seychellois.

 

Seychelles NATION : Comment voyez-vous l'avenir de l'UniSey en ce moment de crise ?

Joëlle Perreau : Je vois qu’on a un avenir très intéressant et c’est un moment pour nous de revoir et réévaluer ce qu’on a fait pendant ces derniers dix ans. Nous avons accompli beaucoup de choses pendant ces dix ans. Nous avons des idées là où nous voulons avancer et nous comptons sur le gouvernement et tout le peuple des Seychelles pour nous aider et les aider à mieux avancer. Nous voyons des développements dans différents domaines mais nous allons concentrer bien évidement sur le tourisme, l’environnement, l’économie bleue, la communication, les langues, l’informatique, finance, la culture, la santé, le social, légal et business. Nous sommes là pour combler les lacunes selon les besoins du pays, car nous sommes une université nationale et nous tenons à le rester et à prouver notre pertinence et cohérence. Nous occupons une place un peu seule dans cette pyramide éducative aux Seychelles. Nous tenons à montrer que nous avons compris notre responsabilité et nous sommes là à ces besoins. J’aimerai aussi inviter les Seychellois professionnels/diplômés à se joindre à nous comme ‘Associate lecturers’. Il faut que tout le monde fasse partie de notre université nationale et soit fier !

 

Vidya Gappy                                                                                                   

 

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