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Interview exclusif avec l’Ambassadeur honoraire pour la Culture, M. Patrick Victor |22 January 2022

Interview exclusif avec l’Ambassadeur honoraire pour la Culture, M. Patrick Victor

M. Patrick Victor, l’Ambassadeur honoraire pour la Culture

« Avec ce nouvel institut, nous avons la chance d’arranger là où il le faut »

 

Suite à la pandémie de coronavirus à travers le monde, de nombreuses vies et activités ont été affectées. L’Ambassadeur culturel honoraire, Patrick Victor partage ses réflexions sur l'adaptation à la nouvelle normalité ainsi que sur le rôle du nouvel Institut national des Seychelles pour la culture, le patrimoine et les arts.

 

Seychelles NATION : Nous entrons dans la troisième année de la pandémie, en tant qu’artiste et ambassadeur, quels sont les leçons à apprendre ?

Ambassadeur Victor : Pour la première année, beaucoup d’artistes avaient reçu de l’aide avec le gouvernement et j’avais aidé à faire l’enregistrement des artistes. Beaucoup d’artistes aux Seychelles vivent à travers les spectacles et ne travaillent pas dans les hôtels et c’était très dure. Quand l’économie a repris, les activités artistiques/musicales n’avaient toujours pas commencé et les bons artistes devraient trouver d’autres emplois.

Il y a une disparité en ce moment – le cinéma est ouvert, les supermarchés, les casinos entre autres sont ouverts. Pourquoi les artistes ne peuvent pas travailler en respectant les mêmes consignes émis par le Ministère de la Santé ? Les personnes vaccinées peuvent venir assister aux spectacles. Peut-être d’autres personnes auront des idées différentes, mais nous devons rentrer dans une autre phase. Que faire avec tous ces créateurs artistiques de notre pays ? Ensemble nous devons trouver une solution, car c’est aussi un droit humain de travailler comme artiste.

 

Seychelles NATION :Que proposez-vous ?

Ambassadeur Victor : Nous devons faire vite pour remédier à la situation. Certains artistes commencent à vendre leur musique sur la plateforme internationale. En tant qu’artiste, j’ai récemment mis une collection de 60 chansons en ligne et les internautes ont commencé à acheter la collection en entière. Il faut avoir du respect et apprécier les talents des artistes au niveau national, car il y en a beaucoup qui croient que les artistes sont que des comédiens seulement. Nous devons trouver des solutions avec les artistes et les institutions.

 

Seychelles NATION : La situation de la pandémie perdure. Comment cela a affecté les artistes ?

Ambassadeur Victor : Aux Seychelles, nous avons environ 1 000 artistes dans toutes les catégories. Pendant la pandémie, nous avons pu, avec le Conseil National des Arts, enregistrer les artistes et faire une liste compréhensible. Malheureusement, beaucoup d’artistes ont choisi de prendre de l’emploi et n’ont pas le temps de se donner pleinement à la musique. Il y a beaucoup d’autres pressions sur eux qui les empêchent de créer à nouveaux.

 

Seychelles NATION : Avec la création du nouvel Institut national des Seychelles pour la culture, le patrimoine et les arts, quel est le futur de la culture et l’art aux Seychelles ?

Ambassadeur Victor : Pour beaucoup d’entre nous, il n’y a pas de différence dans la façon de fonctionner. En général, nous avons une chance d’arranger là où il le fallait. Beaucoup d’entre nous sentaient que, nous artistes, on avançait mais l’autorité culturelle dans notre pays restait à l’arrière et on était en conflit. A chaque fois qu’on voulait initier un projet, on avait des difficultés, car la vision n’était pas claire pour eux.

Avec cette nouvelle démarche, nous sentons que c’est le moment opportun pour ajuster les choses. Le département de la culture n’a pas de monopole sur la responsabilité et l’épanouissement culturel dans un pays. Les citoyens doivent pouvoir organiser des activités culturelles. Nous invitons la nation seychelloise d’avoir un débat sur le rôle de cet institut et sur ses activités futures. Déjà il y a un « leokri »cri silencieux parmi les artistes/ activistes culturels, et il faut à tout prix éviter que les artistes fassent une manifestation. Avec ce nouvel institut, notre fondation,Fondasyon Kiltirel Seselwa, propose un débat national pour aider cet institut ainsi que d’éduquer la population sur le rôle de cette nouvelle institution.

 

Seychelles NATION :Quelle est l’importance des activités culturelles pour le développement d’une Nation ?

Ambassadeur Victor : Les touristes viennent chez nous pour notre environnement et quand ils nous visitent ils veulent être en sécurité et aussi découvrir notre culture à travers notre musique. Dans nos districts, nous devons revivre les activités culturelles comme on le faisait à l’époque. Auparavant, Port Glaud, Anse Aux Pins et autres étaient renommés pour le moutya. Il y a eu des études faites par d’autres artistes sur notre musique d’antan et notre responsabilité c’est de se concentrer et de faire revivre notre culture. Pour faire le moutya devenir un patrimoine immatériel de l'UNESCO, il nous a fallu engager les communautés et pendant quatre mois nous sommes partis dans plusieurs districts pour dialoguer avec les gens et les faire prendre conscience de l’importance du moutya.

Avec ce nouvel institut et l’action de l’UNESCO, allons profiter pour revivre nos cultures et cela dépendra des efforts de la population.

 

Vidya Gappy

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