Ils n’avaient jamais frôlé la mort d’aussi près ! |24 March 2021
Kevin Escoffier et Romain Grosjean, les miraculés de la voile et de l’automobile
Romain Grosjean, l’un des trois Français, sur la trentaine de spécialistes de formule I automobile engagée dans un championnat organisé dans le monde entier afin de désigner le meilleur pilote de la planète et Kevin Escoffier, parti pour effectuer le tour du monde à la voile, sont de véritables survivants d’une épopée qui a émue les populations des cinq continents. Ces sportifs d’exception sont encore en vie actuellement grâce à une force mentale et un « sang-froid » incroyable. Bien sûr il ne faut surtout pas oublier ceux qui sont intervenus pendant ces extraordinaires sauvetages. Eux aussi méritent amplement ce coup de chapeau venant des communautés de la grande famille de l’automobile et de la voile.
Ces courageux, qui eux aussi, n’hésitent pas à se mettre en danger pour sauver les autres ne « roulent pas les épaules, ne bombent pas le torse et n’ont pas un melon à la place de la tête. Il faut entendre Jean Le Cam et voir comment il n’a pas hésité une seule seconde à détourner son bateau de la direction qu’il avait choisie afin de se porter au secours de son ami Kevin Escoffier au bord de la catastrophe.
« Dès que j’ai été prévenu des graves difficultés de Kevin j’ai immédiatement répondu présent et je suis parti à sa rescousse. J’ai déjà, dans le passé, connu pareille mésaventure et j’étais bien content que quelqu’un vienne me chercher ». Qui n’est pas solidaire n’est pas un bon marin et faut même lui interdire de prendre le départ. Les égoïstes qui ne pensent qu’à eux n’ont pas leur place dans le monde de la voile !
Les sauvetages sont plus difficiles la nuit
Le 30 novembre 2020 Kevin Escoffier déclenche sa balise de détresse. La direction de la course alerte Jean Le Cam le plus proche concurrent. Le lendemain Escoffier, le marin chevronné déjà vainqueur dans le passé de trois grandes courses mondiales, la Transat Jacques Vabres en 2005, le Trophée Jules Vernes en 2012 et de la Volvo Océan Race en 2018, est secouru par Jean Le Cam avant d’être récupéré par la marine nationale française.
Le bateau de Kevin s’était mis en portefeuille. Tout l’avant était remonté à 90°. En principe les voiliers sont insubmersibles mais comme la moitié du bateau était perdue, notre talentueux marin s’était déplacé sur le morceau qui porte la quille c’est-à-dire là où le poids est le plus élevé. C’est ainsi que notre homme a attendu les secours pendant des heures interminables. Les conditions atmosphériques étaient tellement dures que Kevin n’a pas cherché à bouger de là où il était. Après plusieurs heures de recherche en pleine tempête avec des vagues de plus de 12m de haut, Jean Le Cam repère le bateau de son collègue skipper et réussi à s’approcher à environ une quinzaine de mètres.
Après quelques hésitations tout à fait logiques, Kevin Escoffier plonge tout habillé dans un Océan déchainé et arrive à escalader le « bateau du bonheur ». « Bien sûr j’ai réfléchi rapidement afin d’éviter de boire la tasse tout en étant conscient que le bateau pouvait repartir violemment en sens opposé. Dans ce cas c’était fini car la nuit on peut retrouver un radeau mais pas une tête dans l’eau, c’était la mort assurée ! Je me rappelle m’être dit calme toi, respire ! tout cela sans avoir eu peur pour ma vie. » Les marins sont décidément des êtres à part qui arrivent en toutes occasions à garder un sang-froid qui impressionne le commun des mortels ! Jean Le Cam a obtenu 16 heures 15 minutes de compensation pour son sauvetage c’est donc le temps que Kevin Escoffier a vécu en enfer dans un océan déchainé et a plus de mille kilomètres de la première terre habitée.
28 secondes effroyables pour s’extirper de sa voiture en feu
A Shakir dans l’État de Bahreïn qui organisait son grand prix de Formule I automobile, Romain Grosjean a été victime le 29 novembre dernier d’un effroyable accident en début de course. Dans le choc sa voiture s’est fracturée en deux morceaux en sectionnant le rail de sécurité qui délimite le circuit. Instantanément le véhicule s’est enflammé. Le Français est presque sorti indemne !
La course est immédiatement interrompue. Les pilotes encore en course conscients de l’horreur de la scène, pensent aussi tôt au sang-froid, au courage et à la volonté de Sébastien pour sortir de cette boule de feu. Transporté au centre médical du circuit, le Français souffre de brûlures au niveau des mains. Les examens médicaux confirment ces brûlures aux mains et rien d’autre ce qui est à peine croyable !
Bien sûr tout le monde est soulagé. Mais chacun se pose de nombreuses questions car la voiture de 645 kg s’est écrasée sur le rail à la vitesse de 221 km heure. Cette balustrade a donc joué un rôle protecteur.
En pliant le rail a littéralement « absorbé le choc ». Cela est rassurant. D’ailleurs la fédération internationale Automobile veille de plus en plus à la sécurité des pilotes en étant très rigoureuse dans le choix des circuits pour les courses. Après la compétition les techniciens de la Formule I se sont penchés sur tous les points les plus défectueux afin d’en tirer des enseignements pour les prochains grand Prix.
La sécurité est la priorité des courses automobiles
A l’entraînement le pilote doit s’astreindre à un gros travail physique axé sur le cardio-respiratoire, les étirements musculaires et articulaires. La sophrologie et la relaxation sont également au programme de la préparation du pilote de Formule I. L’accent est aussi mis sur le mental, car il en faut un « sacré » pour venir s’installer sur les grilles de départ.
La sécurité est primordiale. Un corps médical spécialisé et une petite clinique d’urgence sont situés sur les bords des circuits et ceux-ci sont mis en relation directe avec les services hospitaliers de la ville qui en cas d’accident font intervenir les ambulances et hélicoptères le plus rapidement possible.
Sorti de l’hôpital le lendemain de son plus gros crash, Romain Grosjean a pratiquement repris une vie normale en nourrissant des projets immédiats. « Je veux recourir le plus vite possible ». Avant de revenir à son histoire personnelle. J’ai vu ma visière tout orange, les flammes autour de moi. L’accident de Niki Lauda m’est venu à l’esprit, je ne voulais pas finir comme cela. En effet en 1976, le pilote autrichien a été grièvement brulé en restant prisonnier des flammes de sa Ferrari avant d’être secouru. J’ai pu m’extraire du baquet, retirer la ceinture de sécurité et me sortir du feu. Selon les témoins qui m’ont informé j’étais resté vingt-huit secondes prisonnier de ce véritable incendie mais cela m’a paru être une éternité ».
Moins de douze heures après être sorti du brasier de Bahreïn, Sébastien Grosjean était détendu et dans un étonnant état d’esprit ! En dehors des brûlures aux mains, le pilote ne ressentait que des douleurs au niveau des côtes et de la cheville.
Kevin Escoffier et Romain Grosjean se sont rencontrés
Le skipper et le coureur automobile viennent de se rencontrer. Cette entrevue a eu lieu… en Suisse grâce au concours de deux spécialistes du sport automobile et de la voile. Chacun a pu présenter ses difficultés et tous les dangers de la compétition. Nos deux hommes ont abordé le sujet de la mort avec beaucoup de recul et comment leur vie a changé depuis ces évènements. Mêmes s’ils sont plus décontractés actuellement il aura fallu une énorme dose de courage et de volonté pendant ces moments particulièrement difficiles.
Ils ont tutoyé la mort mais ne l’ont pas envisagée tout en revoyant le film de leur vie et des pensées pour la famille, les parents, les enfants et les amis. Nos deux hommes avouent que depuis leur accident ils n’ont pas le moindre soucis, rêve ou cauchemar mais ils pensent sérieusement à leur prochaine compétition.
La seule chose qui a changé et cela les gênent un peu, depuis leurs accidents respectifs, notre marin et notre pilote reçoivent des milliers et des milliers de messages et ne peuvent plus faire les courses au supermarché, car ils sont reconnus immédiatement par ceux qu’ils les ont vu à la télévision. Malgré tout, ils font attention à leur communication. Il ne faut pas tomber dans l’image du gars qui a pris le feu ou qui a coulé. « Nous devons toujours être considérés comme des sportifs de haut niveau qui exercent du mieux possible leur activité ! Voilà c’est tout simple ! »
Durement handicapé par un grave accident Hakkinen devient Champion du monde
Depuis le décès de Roland Ratzenberger et Ayrton Senna en 1994 la mort avaient épargné la Formule I. Malheureusement ce ne semble plus être le cas depuis quelques années. En 2014 à Suzuka au Japon l’espoir française Jules Blanchi s’était brisé contre une grue en pleine course. En 2019 à SPA en Belgique à l’issue d’un télescopage le jeune Antoine Hubert était décédé en pleine course. Cela nous a fait repenser qu’en Normandie sur le circuit des Essarts à côté de Rouen Jo Schlesser était brulé dans sa voiture. Depuis il n’y a jamais eu d’autres courses automobiles à Rouen et dans sa région. Les conditions de sécurité n’étant plus aux normes imposées.
Heureusement il y a eu des sportifs que l’on croyait détruits après avoir été grièvement blessés en course et qui ont repris le volant à force de courage et de détermination.
En novembre 1995 Mika Hakkinen aurait pu perdre la vie sans l’intervention rapide des secours au cours des essais. A la suite d’une sortie de piste le casque du Finlandais est projeté de droite à gauche, la tête heurte le volant. La vitesse dans le virage est de 175km/h, le pneu gauche avait explosé.
Heureusement, les médecins accourus sur le site décident de réaliser… une trachéotomie, une ouverture chirurgicale de la trachée pour ventiler artificiellement le pilote blessé. Transporté en ambulance dans le plus grand hôpital d’Adelaïde, Mika Hakkinen est accueilli par plusieurs professeurs en médecine. Le Finlandais avait le crane très fortement fracassé. Les maux de tête, les vomissements, l’impossibilité de dormir ont duré plusieurs semaines. Le rétablissement fût long et difficile. Après plusieurs mois de convalescence et de rééducation notre homme est rentré en Europe. Au bout de quelques mois celui qui voulait redevenir pilote reprenait le footing et un peu de gymnastique. Un jour avec l’aide des équipiers et mécaniciens ce miraculé encore atteint de paralysie faciale remonte dans une voiture de course. Les essais sont concluants. Ressuscité Mika prend part… au Prix d’Australie à Melbourne où il termine cinquième. La volonté de gagner est montée de manière étonnante et surpuissante cela l’a conduit au titre mondial en 1998 et 1999. C’est tout simplement fabuleux !
Amputé des deux jambes après un effroyable crash, Billy Monger reprend le volant neuf mois après !
Billy Monger, un jeune Britannique de 18 ans veut devenir pilotage de formule I. En attendant le grand jour, cet espoir prend part à différentes compétitions régionales. Deux semaines avant son anniversaire Billy est engagé dans une épreuve de formule quatre, en voulant doubler un concurrent, notre jeune champion s’écrase contre une voiture arrêtée sur le côté. Le choc est foudroyant, la vitesse enregistrée étant de 193 km/h. Il faudra une heure et demie pour le désincarcérer afin de l’envoyer à l’hôpital. Le pronostic est rude, il faut amputer les deux jambes. Billy accepte son état sans se départir de son éternel sourire.
Après seulement quinze jours d’hospitalisation et de rééducation notre homme rentre chez ses parents. Un appareillage est confectionné et il faut réapprendre à marcher. Notre courageux champion reprend le volant et renoue avec la victoire deux ans après son accident. Un élan de solidarité s’est formé en Grande Bretagne et une levée de fond a permis de récolter 800 OOO Livres. Tout cela est formidable mais Billy veut surtout exaucer son rêve de toujours devenir pilote de formule I.
25 arrivants sur 30 partants pour le Tour du Monde à la voile
Pour les classements du Vendée Globe, 25 skippers ont franchi la ligne d’arrivée soit une moyenne de 75%, ce qui est assez exceptionnel. Si le premier a effectué le Tour du monde en 80 jours, ils sont neufs à avoir terminé dans la même heure. 21 sont classés en moins de 100 jours. Le 25ème le Finlandais Ari Huusela est resté en mer pendant 116 jours. Dans la vie quotidienne cet homme de 58 ans est pilote… d’Air Bus.
En voile de longue distance, il n’y a pas de dernier, il n’y a que des concurrents qui terminent l’épreuve. Chacun pense déjà au prochain départ. L’appel du large fait vivre les marins surtout lorsque ils sont trop longtemps sur la terre ferme. Pendant cette période sans compétition, les bateaux vont se refaire une beauté dans les chantiers naval de Concarneau, là ou pendant plusieurs années un Consulat des Seychelles avait juridiction en Bretagne.
A quand une belle compétition de voile aux Seychelles ? Beaucoup de marins seraient très intéressés par une telle manifestation.
Francis Herbet




