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Ministre Morgan appelle à l’aide pour lutter contre la piraterie |13 December 2010

Ministre Morgan appelle à l’aide pour lutter contre la piraterie

Ministre MorganDans l’interview diffusée le lundi 6 décembre sur TV Monde lors de l’émission Internationale, M. Morgan, qui préside également le Comité de haut niveau sur la piraterie, a fait un appel à plus d’aide pour lutter contre la piraterie et a parlé des effets liées au réchauffement climatique.


Pensez-vous que si on n’arrive pas à réduire les gazes à effet de serre les îles comme les vôtres sont réellement menacés de disparition ?

Joël Morgan : Les îles coralliennes des Seychelles sont à deux mètres du niveau de la mer. Le changement climatique entraînera des tempêtes qui causeront des problèmes d’érosion et des problèmes submersion des îles. Il y aura donc des conséquences indirectes sur l’économie. Comme le tourisme et la pêche sont les deux principales activités économiques des Seychelles, cela nous affectera grandement si l’un de deux secteurs est affecté par ces problèmes.

A noter que les récifs coralliens ont plusieurs fonctions. Ils ont une biodiversité très importante non seulement pour les Seychelles mais pour l’humanité. Ce ne sont pas uniquement les coraux des Seychelles qui ont été affectés lors du dernier phénomène du blanchiment des coraux. Les récifs coralliens sont comme une ‘nursery’, et en conséquence une hausse de température et la montée du niveau des eaux auront des effets négatifs sur la survie des poissons. Il y aura une baisse dans la quantité de poissons pour la consommation locale et pour l’exportation vers des pays européens.

A propos des coraux, il y avait une terrible dégradation en 1998 et 90% des coraux avaient disparus. Comment se comporte aujourd’hui ces coraux ?

Joël Morgan : Avec l’aide des organisations non-gouvernementales, nous avons transféré des coraux dans des nouvelles zones pour les donner une nouvelle naissance.

Comment positionnez-vous par rapport aux climato-septiques ?

Joël Morgan : Le temps presse et les preuves scientifiques sont nettes et claires. Il n’y a non seulement la montée du niveau des eaux mais aussi la hausse de température d’une moyenne de 1,5 degré sur les dix dernières années.

Le problème de l’eau est très important aux Seychelles. Estimez-vous que la politique de desalination (transformation de l’eau salée en eau douce) mise en place il y a quelques années a été un succès ?

Joël Morgan : On n’a pas d’autre choix. La desalination est une politique de sécurité d’eau, surtout pendant la saison sèche.

Quelles sont les autres mesures mis en place pour lutter contre l’érosion ?

Joël Morgan : On a des programmes scientifiques financés par le Fonds Environnemental Global. Le gouvernement japonais finance une étude sur les mesures de prévention contre l’érosion. Nous avons aussi des lois concernant les nouvelles constructions qui doivent se faire à plus de 25 mètres de la ligne verte, c’est-à-dire où la végétation commence à pousser.

Pourquoi les Seychelles ont décidé de construire des îles artificielles alors que beaucoup d’îles sont inhabitées ?

Joël Morgan : Les  îles granitiques sont très montagneuses laissant très peu d’espace pour l’habitat. Nous avons aussi une politique de conservation et préservation de la nature. Au total, 47,2% de la superficie des Seychelles est sous protection environnementale. Les îles coralliennes sont très loin de Mahé et cela coûte énormément pour les approvisionner. C’est pour cette raison que nous avons décidé de créer des îles artificielles pour le développement socio-économique du pays.

La piraterie est devenue une vraie préoccupation pour les Seychelles…

Joël Morgan : La piraterie est une menace pour l’économie des Seychelles. Nous avons connu une perte d’un tiers (de 350- tonnes à 250 tonnes par jour) de la production thonière. Cela représente une baisse de 4% du PIB (de croissance).

Est-ce qu’il y a un léger bénéfice à la piraterie pour les Seychelles vu que les militaires américains et français sont installés ici ?

Joël Morgan : La présence des bateaux de guerre dans le port de Victoria a certainement un impact positif sur l’économie des Seychelles parce qu’on reçoit une recette portuaire et ont est payé pour l’approvisionnement des bateaux.

C’est dommage que tout cette armada (des drones, des avions portugais et suédois, les bateaux de guerre de l’Union européenne) ne décourage pas les pirates au contraire on a l’impression qu’ils sont de plus en plus rigoureux…

Joël Morgan : La zone de surveillance est immense et toute cette armada n’est pas suffisante pour stopper les pirates. La piraterie n’est pas un problème de l’Océan Indien uniquement. C’est un problème mondial parce que des tankers, des pétroliers, des cargos traversent cette zone. Il est temps que les grands pays prennent leurs responsabilités. Les Seychelles sont les seuls à surveiller et patrouiller activement la zone.

Il y a quand même des premiers résultats…

Joël Morgan : Bien sûr que oui. C’est un travail d’équipe. On réussit à dissuader les pirates mais pas tout le temps.

Pour vous les pirates sont des bandits somaliens ?

Joël Morgan : Initialement c’étaient des bandits somaliens, mais maintenant c’est devenu le crime organisé et nous pensons qu’ils ont des liens avec l’Al Shabab qui est reliés à Al Qaïda.

Les Seychelles sont les seuls à juger les pirates somaliens. Vous n’avez pas le sentiment qu’on vous laisse faire le sale travail ? Et s’ils sont condamnés vous devez les garder dan votre prison ?

Joël Morgan : Je profite de cette occasion pour lancer un appel aux autres pays. On ne peut pas tout faire. Il y a 55 Somaliens en prison aux Seychelles et cela représente 12,6% de la population des prisonniers. Pour l’instant on a reçu une aide pour la construction des prisons de haute sécurité. Les prisonniers somaliens seront incarcérés pendant un certain temps aux Seychelles et purgeront une partie de leur peine en Somalie avec l’aide de l’ONU. La communauté internationale doit aussi prendre ses responsabilités. On espère que Maurice et la Tanzanie commenceront à juger les pirates et que le Kenya recommencera à le faire bientôt.

Vous ne craignez pas qu’un jour des pirates somaliens débarquent sur vos îles et effrayent les touristes, abîmant la belle image carte postale des Seychelles ?

Joël Morgan : On a stationné des soldats sur quelques îles pour protéger des installations touristiques et la vie des gens.

D’où il vient ce lien politique très proche entre les Seychelles et  les Emirats Arabes Unis?

Joël Morgan : Il vient à travers l’amitié qui existe entre le Président James Michel et le Sheikh Khalifa bin Zayed Al Nahyan. C’est une amitié qui date de très longtemps.

Est-ce qu’il n’y a pas des intérêts parce qu’on parle des réserves de pétrole ou de gaz au large des Seychelles ? Est-ce que vous n’êtes pas peur d’être acheté par les grands pays ?

Joël Morgan : Les Seychelles ne sont pas à vendre. Ils appartiennent aux Seychellois. On a besoin de l’aide des pays amis pour nous aider dans notre développement.

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