La STB revoie sa stratégie de marketing |17 July 2014
Le Conseil du Tourisme des Seychelles (STB) a hier réuni les acteurs principaux de l’industrie touristique locale à l’Hôtel Savoy & Spa de Beau Vallon.
L’occasion fut la revue biannuelle de la stratégie de marketing de l’instance chargée de vendre les Seychelles à l’étranger, revue qui permettra à la principale industrie et le premier pilier de l’économie du pays de se remettre sur les bons rails pour la deuxième partie de cette année.
Dans son adresse pour lancer la séance de travail, la chef exécutive de la STB, Mlle Sherin Naiken a rappelé qu’avec de nombreux défis, les premiers six mois de l’année n’ont pas été faciles. Elle a donc réitéré le besoin de réagir face aux changements et de rester relevant comme une destination touristique. D’après elle, cela sera réalisé avec plus d’investissement, un meilleur service et des prix plus compétitifs.
« Comme nous essayons d’améliorer la connectivité avec nos marchés principaux, nous espérons que ce sera le premier pas dans notre relance. Cependant, cela ne sera pas suffisant. Nous devons nous relancer sur le marché et pour ça nous avons malheureusement besoin de fonds. […] Dans tout business, et je sais qu’il y a beaucoup d’hommes d’affaires ici qui peuvent confirmer ceci, il y a une règle générale qui permet d’assurer la soutenabilité : Vous devez investir, investir et investir. La perception et les statistiques montrent que nos services, produits et prix n’incitent pas les visiteurs à revenir. Nous devons faire des Seychelles une destination à revisiter, un endroit où nous offrons de la valeur pour l’argent », a dit Mlle Naiken.
De sa part, le Ministre du Tourisme et de la Culture, M. Alain St Ange a dit que la rencontre reflète l’esprit de partenariat public-privé qui assurera le succès continuel du secteur touristique seychellois. Il a en même temps souligné que comme le tourisme restera une industrie volatile, il est important que les Seychelles soient vendues comme une destination sûre. D’où le besoin, a-t-il insisté, de ne diffuser des informations adverses ou négatives sur le pays.
« La malaise du jour doit rester notre linge sale que nous devons laver entre nous. Le publiant pour le monde entier et d’essayer d’être plus catholique que le Pape n’a absolument pas de sens. Les membres de l’industrie doivent cesser de mettre de l’huile sur le feu. Parler négativement de l’industrie sur laquelle nous dépendons tous doit être vu comme une épée dans le cœur de tout le monde. Quand je dis parler ou écrire de manière négative, je veux dire la démarche qui consiste à discréditer l’industrie, d’essayer d’aider les destinations concurrentes au détriment de notre propre pays », a commenté le ministre.
A part des présentations sur le marketing proprement dit, les directeurs et managers de marketing des bureaux régionaux de la STB à travers le monde ont également eu l’occasion de faire le point sur la situation.
Il est à noter que la STB a des représentations permanentes pour l’Europe, l’Afrique et les Amériques, la Chine, le Moyen Orient, la Corée et le Japon ainsi que pour les Iles Vanilles.
Ces principaux ambassadeurs du tourisme seychellois ont, de manière générale, montré une baisse d’arrivée touristique des principaux marchés comme l’Europe et l’Afrique du Sud. Même si de l’autre côté, le marché chinois est en pleine croissance.
Le constat unanime est qu’il devient de plus en plus difficile de vendre les Seychelles à l‘étranger, avec un présent déclin de 20 à 30 pourcent. Le principal facteur extérieur reste la crise économique mondiale qui impacte de manière directe sur l’économie des pays et du pouvoir d’achat des individus. S’ajoute à cela la compétition au niveau du prix et du produit des Caraïbes, du Pacifique, de l’Amérique latine, de l’Asie, de l’Afrique du Sud et de l’Est, de Maurice, des Maldives et même des bateaux de croisière qui offrent des vacances à bas prix dans l’Océan Indien.
Comme l’a fait remarquer la représentante de la STB en Europe basée à l’Office de Paris, Mme Bernadette Willemin, la compétition est devenue mondiale.
« Nous sommes en compétition contre le monde entier. Donc notre sourire et notre charme sont maintenant loin d’être suffisants », a-t-elle dit.
D’un point de vue interne, il a été constaté qu’une baisse au niveau du budget a conduit à moins d’activités promotionelles et donc moins de visibilité. Dans ce sens, plus de publicité en ligne autour du slogan « Les Seychelles un autre monde » est aussi nécessaire.
Il est également senti qu’une lourde bureaucratie existante et le présent système de taxation qui taxe la productivité et non la profitabilité ne sont pas favorables à l’industrie touristique locale. En même temps, les hôteliers seychellois pensent qu’une plus grande partie du marché doit leur être offerte, avec plus de support pour les agences de voyage.
L’un des défis majeurs reste néanmoins l’accès aérien direct avec lequel s’attache un manque de siège vers les Seychelles. Un bon exemple de compétition ici est celui d’Air Mauritius qui parmi d’autres liens directs, offre une connexion entre l’Ile Maurice et l’Europe par Airbus A380. Dans ce sens, l’annonce récente d’une desserte imminente d’Air Seychelles vers l’Inde et l’arrivée semble-t-il prochaine d’une autre compagnie régionale voire nationale sont sûrement de bonnes nouvelles. On rajoutera même à celles-ci, et gardera les doigts croisés pour, une éventuelle connexion avec Seoul assurée par Korean Air.
Ce projet à la fois excitant et promettant est actuellement sous étude par les autorités sud-coréennes.
Un plus proche partenariat avec les compagnies aériennes atterrissant aux Seychelles est également souhaité, ce qui ouvrirait la porte à une meilleure exploitation de leurs lignes. Les compagnies doivent à leur tour procéder à une revue de leurs horaires de vol de certains points de départ, permettant aux visiteurs d’arriver à des heures favorables comme tard le matin ou dans l’après-midi. Et comme la charité commence à la maison, le marketing d’Air Seychelles doit être plus agressif avec plus de publicité et une plus grande campagne de promotion. La compagnie nationale doit aussi améliorer sa connectivité entre les autres îles comme Praslin, Bird et Denis.
Dans une optique plus large et afin de mieux sensibiliser la population sur sa contribution et attitude positives envers le développement de l’industrie touristique, sont proposées une matière ‘tourisme’ dans le cursus secondaire, ainsi qu’une émission de télévision hebdomadaire ou mensuelle.
Au terme de la réunion, il était de concert que la demande pour le produit ‘Seychelles’ existe toujours. Cependant, l’offre ne peut à tous les coups suivre dues aux nombreuses contraintes. La solution est de continuer à croire dans les Seychelles comme une destination prisée, en y ajoutant les produits suivants dans son panier : Des aventures, le bien-être, le shopping de luxe et surtout notre culture – belle, riche et diversifiée. S’il faut reconquérir le marché le plus important qui est celui de la France, il faut aussi en exploiter d’autres non-négligeables notamment en Afrique avec comme potentiel la Tanzanie, le Nigeria, l’Angola, la Zambie, le Botswana sans oublier l’Afrique du Nord. Il est également nécessaire de continuer à pénétrer les niches émergeantes comme l’Asie et le Moyen Orient.
Surtout, à l’image de la première réunion interministérielle qui a eu lieu la semaine dernière et comme l’a bien dit le Ministre St Ange, un effort collectif avec l’implication de tous les ministères, départements, organisations et même individus est nécessaire pour la bonne réussite de notre industrie touristique.