La disparition de Max Lebouleux un grand ami des Seychelles Monsieur Max vient d’achever son dernier tour du monde … en paroles |24 February 2018
C’est un immense monument de l’humanisme, de l’humour et du sport qui vient de nous quitter à 83 ans à la suite d’une courte mais implacable maladie l’ayant terrassé quelques mois seulement après son dernier spectacle. C’était le jour de la fête nationale.
Francis Pecot et sa dynamique équipe du comité des fêtes et d’Action de Quevilly Bourg présentait comme chaque année un spectacle de qualité enthousiasmant son fidèle public. Après les majorettes de Petit Couronne et Petit Quevilly et les danseurs et musiciens Portugais, la troupe d’Anse Royale, prenait possession d’une piste de danse éphémère tracée sur le macadam du parking de l’ancienne mairie. Les huit dames composant cette troupe de musique et de danses traditionnelle avaient décidé d’observer une petite « coupure » dans leur spectacle afin d’accueillir leur ami, Monsieur Max, qui n’était pas un inconnu pour elles puisqu’il s’était déjà produit dans leur ville ces trois dernières années. Comme à chaque fois les rires fusaient immédiatement dès l’arrivée de ce phénomène aux mimiques et attitudes inimitables. Il suffisait à ce colosse d’un mouvement de lèvres, d’ondulations des joues, du visage ou de plisser les sourcils pour déclencher d’abord un sourire puis une franche rigolade. Ce grand artiste a évolué dans les plus grandes salles de France telles le prestigieux Olympia le temple de la chanson française où il partagea l’affiche avec Henri Salvador.
Monsieur Max s’est également produit dans les cinq continents avec les Amis de l’Océan indien. En Malaisie, à Singapour, en Thaïlande ou en Indonésie, le public venait le toucher après le spectacle afin de découvrir qui était cette étrange personne qui les avait fait rire toute la soirée. A Madagascar, sur la plage de Tamatave, ce sont trente milles personnes qui sont venues lui faire un triomphe. A Bahreïn, Monsieur Max présenta un pastiche de la vie dans ces pays du Golfe devant un parterre de chefs d’Etats des Emirats Arabes. Aux Seychelles, ce sacré bonhomme était devenu l’ami de la famille, et chacun, du pêcheur à l’enseignant du sportif ou du ministre attendait avec beaucoup d’impatience les prises de parole de cet artiste polyvalent tout aussi réputé à Roche Caïman, Takamaka, Victoria qu’à Berjaya.
Un grand sportif également
Taillé dans le Roc, ce véritable phénomène était aussi, dans sa jeunesse un grand sportif dont tous le anciens basketteurs normands parlent encore avec beaucoup de respect. Dans ce sport collectif Max fût, après sa carrière de joueur, un éducateur et un dirigeant très écouté. Malgré tout, c’est en boxe que cet athlète a conquis ses lettres de noblesse sur le plan national et international. Sans une malencontreuse blessure, Max aurait dû recevoir les honneurs d’une sélection Olympique en 1956 à Melbourne en Australie où il aurait pu partager le quotidien de Alain Mimoun la seule médaille d’or de ces JO sur le marathon ou de Michel Jazy, le futur multi recordman du monde d’athlétisme. Qu’à cela ne tienne, notre homme n’était pas un nostalgique et vivait les minutes présentes comme des moments rares et privilégiés. Max avait participé à différents colloques ainsi qu’aux 24 heures des Seychelles lorsque l’Australien Peter Bennett avait réalisé plus de 200 km dans les rues de Victoria.
Dans son spectacle, le départ d’Espagne permettait à Max de fêter le flamenco avant de se rendre en Allemagne pour, avec une voix gutturale souligner l’amitié entre ce pays et le notre. L’arrivée à Moscou était l’occasion de célébrer dans leur langue, les plus grands poètes Russes. Le séjour à Pékin se terminait toujours par une partie de Ping Pong, comme lors de la visite de Richard Nixon, le premier président américain, à se rendre en Chine. A New York, Monsieur Max tourne le bouton et ouvre la télévision afin de commenter en direct un championnat du monde de Boxe poids lourds.
Evidemment c’était du délire ! Les échanges, les coups de Mohamed Ali, son idole, sont décrits avec une telle précision que nous avons l’impression d’être au bord du ring. Ce commentateur improvisé faisait également passer la publicité entre chaque round comme dans un vrai reportage, du grand d’Art assurément !
Après un passage dans la brousse africaine. Ce Tam Tam et ces danses endiablées, le grand sorcier accueillait d’une voix caverneuse, ce blanc de passage très inquiet en se trouvant en présence d’Anthropophages affamés. Tout cela c’était Max, Monsieur Max, un homme d’exception qui laisse un grand souvenir. Nous avons également de profondes pensées pour Micheline, l’épouse dévouée et les enfants qui doivent appréhender dorénavant ce grand vide laissé par cet éternel optimiste qui laisse également un grand souvenir à Mahé.
Francis Herbet